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Pensées

La notion de penser est-elle notre apanage ?

Penser à toi, penser à moi, penser à elle,

Penser à rien, penser aux fleurs, pensées cruelles.

Fines pensées, pensées charnelles, marivaudages.

 

Je pense donc je suis, tu es, il est, nous sommes…

Notre vie à penser, penser à notre vie,

Penser à bien penser même à son ennemi,

Penser du bien des autres, penser à faire comme…

 

Penser aux hirondelles, penser aux papillons,

Penser au mois de mai, à la belle saison,

Penser aimer, aimer penser, pensées amères,

Vilaines pensées, penser au pain et à ta mère.

 

Penser et réfléchir, est-ce la même essence ?

La pensée semble innée, la réflexion acquise.

L’une se nourrit de l’autre et la parole précise,

L’écriture, quant à elle, en est la quintessence.

 

Qu’il est doux de penser à l’être que l’on aime.

Penser à y penser, c’est ne pas l’oublier.

Faire penser à quelqu’un d’aller jusqu’à son terme,

Afin qu’il puisse atteindre le fond de sa pensée.

 

Penser dans la mémoire, souviens-toi, c’est penser.

Imaginer le pire, c’est pour l’exorciser.

Pensées spirituelles, nourritures de l’âme,

Dont les ondes légères de la pensée émanent.

 

Avoir une pensée pour l’être disparu,

Au berger en montagne seul avec ses moutons,

À la mer en folie aux marins disparus,

Au carrosse perdu, celui de Cendrillon.

 

Penser à tout, partout, toujours, penser à Dieu.

La façon de penser vaut par ce que l’on pense

Ou l’inverse après tout. A votre choix Messieurs !

Mais j’y pense, il est tard je lève la séance.

 


Jean-Charles Theillac

Voir un ami partir

Voir un ami partir

Faire le grand voyage

Et rester sur le bord

De la vie et des morts

Sans voir l’équipage

L’emmener au nadir

Jean, tu voulais partir

Le mal avait fait rage

De celui qu’on abhorre

Qui met l’âme à bâbord

Et le corps en partage

Redevient souvenir

Je te revois en rire

En Soule, ton village

La vie que tu adores

Tous attablés dehors

En sifflant le breuvage

Et quelques élixirs

Elle n’a pu contenir

L’église de ton village

L’amitié de tout bord

Et les copains encore

Venu te rendre hommage

Dans un dernier soupir

Le long rideau s’étire

Qui marque le passage

De la vie à la mort

Constitue le décor

Des âmes et des pages

De la lumière jaillirent

Les chants qui retentirent

De cet aréopage

T’accompagnèrent au port

Au village des morts

Où reposent les sages

Voir un ami partir

Jean-Charles Theillac

Les yeux

Une vie tout entière se tient dans ce regard

C’est celui d’une femme qui passe dans ma vie

Dans ses yeux on perçoit une assez longue histoire

Où le bonheur n’a pas toujours été servi

Je veux vous parler d’elle et de son beau regard

Qui m’a bouleversé et me fait vivre un rêve

Inespéré et beau d’un matin qui se lève

Sur un monde nouveau que l’on doit au hasard.

Ce hasard là d’ailleurs, je n’y crois pas du tout

Il ya une raison à toutes ces choses là

Que la raison ignore, pour qu’il nous arrivât

Une telle rencontre, un rendez-vous si doux.

La sensibilité à ce point ressentie

N’a pas d’égale ici, elle relève des songes

Presque de l’utopie, du domaine des ondes

Qui portent la pensée, comme la télépathie.

Les phrases prononcées, les discrètes intentions

Le ton qui les emporte comme une feuille au vent

Qui s’unit à l’éther jusques au firmament

En suspendant le temps des paroles passions.

Je sais très peu de choses sur cette jolie femme

Le courant romantique, comme un torrent fougueux

A boul’versé son cœur et fait de cette dame

Une grande amoureuse au regard malheureux

Jean-Charles Theillac

L’espérance

Une larme coulait sur ses joues rebondies.

Un long sanglot profond semblait venir du fond

De son âme meurtrie et battue par la vie,

Comme un coup de tonnerre roulant à l’horizon.

 

C’est la désespérance de cet instant précis

Dont je me souviendrai, en y pensant toujours.

Quand on n’a que les mots pour offrir en secours,

C’est bien peu consoler pour ôter les soucis.

 

Un rayon de soleil éclairait ses grands yeux,

Pleins de larmes encor’, ils en semblaient plus beaux.

Au creux de mon épaule, elle eut un gros sanglot

Qui me fit ressentir un moment délicieux.

 

Ses deux bras m’enlaçaient et m’étreignaient si fort

Que j’eus la sensation qu’elle m’aimait encore.

Mes mots l’avaient calmée et j’en étais heureux.

Son visage s’éclairait d’un regard malicieux.

 

Elle m’offrit un baiser, un vrai baiser d’amour.

Elle m’avait retrouvé, tout semblait oublié.

Son chagrin, ses malheurs, n’étaient plus ses alliés,

Désormais l’espérance habillerait nos jours.

 

Jean-Charles Theillac

Salam, Shalom, la Paix

Tous deux fils d’Abraham, l’un Sara l’engendra

L’autre naquit d’Agar, la servante du père.

Ils étaient donc frères que la vie sépara,

Vers des destins humains ne se ressemblant guère.

 

Quand l’un disait Salem, l’autre disait Shalom

 

Tous les deux sont sémites, de culture commune.

Ancêtre des Hébreux, Isaac est l’aîné.

Ismaël, des Arabes, en devient la lignée.

La Paix entre les deux est-elle inopportune ?

 

Quand l’un disait Salem, l’autre disait Shalom

 

Tous, ils parlaient d’entente et de bons sentiments,

Mais si l’un parlait « paix » , l’autre répondait « guerre ».

De la même région, ils défendaient leurs terres,

Les uns contre les autres et réciproquement.

 

Quand l’un disait Salem, l’autre disait Shalom

 

N’était-il pas possible d’échapper au trépas

De milliers d’innocents et de vaillants soldats,

Sacrifiés sur l’autel de la pensée extrême

Chacun voulant un bout de la Jérusalem.

 

Quand l’un disait Salem, l’autre disait Shalom

 

Une terre commune aux valeurs fraternelles,

Pour un pays fécond dans une paix nouvelle.

Utopie désuète ou bon sens commun ?

Il faudra bien aller vers un autre demain.

 

Quand l’un disait Salem, l’autre disait  Shalom

 

Quand l’un dira je t’aime, moi non plus dira l’autre.

Salem, Shalom, la Paix, messieurs les bons apôtres.

Qu’un vol de colombes envahisse vos nuits

Et fasse de vos rêves, un salut pour autrui.

 

Salem, Shalom, la Paix.

 

 

Jean-Charles Theillac

Le désir

Sentiment de désir, c’est un  vide à remplir.

Assouvi, il devient un très beau souvenir.

Avant qu’il ne s’éteigne, étais-je plus heureux ?

Ou quand il fut comblé, un après vertueux.

Désirer c’est surtout exprimer un vouloir.

Je désire donc je veux, faut aussi le pouvoir.

Le désir en question, n’est en rien capricieux,

Il évoque avant tout le désir amoureux.

Il est fort, il est beau, rien n’atteint son pareil,

Et puissant comme le feu qui couve et puis s’éveille.

Il est plein de mystère, sauf l’imagination

Qui nourrit l’irréel jusqu’à la tentation.

Désirer c’est aimer, jusqu’à l’inexprimable,

C’est atteindre l’Olympe des pensées ineffables.

C’est souffrir beaucoup de l’absence de l’autre

Et vivre une galère disant des patenôtres.

Le désir assouvi est parfois décevant.

Ce n’était dans ce cas qu’un vilain chenapan

De mânes s’amusant, à me laisser penser

Qu’à l’être désiré, je pouvais en rêver.

Mais acceptons l’augure que cela fut royal,

Et puis que par bienfait, l’autre en pensées égales,

Le désir est alors un sentiment divin

Et mérite autre chose, qu’un traitement mondain.

 

Jean-Charles Theillac

Adieu l’Abbé


 

Le jour de ses obsèques, de grands esprits ont lu

D’élogieuses et savant’s louanges à son encontre.

Je ne peux donc avoir, pas de malentendu,

L’insolente superbe de vouloir aller contre

C’est au petit matin d’un jour si ordinaire

Que tu t’en allé rejoindre ton Seigneur.

Tu consacras ta vie à tous les pauvres hères,

Et construisis des lieux où régnait la chaleur.

La chaleur de ton cœur, ton regard et tes yeux,

Ne  pouvaient pas cacher, ton amour pour les Hommes.

Ton Verbe était si juste, quand tu parlais de Dieu

Que le peuple écoutait, n’y mêlant pas l’opium.

Tu portais ton symbole partout où tu allais,

Tu savais profiter des micros, des télés.

Les médias pour ton œuvre, ouvraient grand leur Palais,

Et tu y rayonnais comme un astre étoilé.

Maintenant que tu sais où tu es arrivé

Dans la grande Lumière, près de l’Etre éternelle,

Reposes toi enfin d’une vie achevée,

Et met les malheureux sous ta sainte tutelle.

Jean-Charles Theillac

Une main

Un petit fils ? Un’ petit’ fille ? Je ne sais pas.

Pas encor, incertain, après douze semaines.

Mais sa main, je le sais, elle est là, je la vois.

Elle nous dit, semble-t-il, attendez que je vienne.

Peu importe d’ailleurs qu’il soit mâle ou femelle.

C’est un être nouveau, un enfant  de ma fille,

Un enfant de l’amour, peut-être un prix Nobel.

Que cette âme noble et belle, vienn’ dans notre famille.

Nul ne sait de sa vie ce qu’il en adviendra.

Une bonne santé, une tête bien faite,

Et le reste sera et fera ce qu’il doit.

C’est ainsi va la vie, jour après jour refaites.

Nous allons lui offrir une terre en chaleur

Et des glaçons qui fondent, une marée qui monte

Un av’nir incertain, des conflits ravageurs

Des sous dessus dessous, à ce point là, j’ai honte.

Cette main qu’il nous montre nous met peut-être en garde,

Ou nous fait un salut, comme un « bonjour la vie ».

Son profil apparaît, sa naissance me tarde,

J’eus préféré pour lui, inventer l’utopie.

 

Jean-Charles Theillac

Le e-média te ment

Avez-vous mes amis la e-médiatitude ?

C’est dans l’air de nos temps, le e-comportement,

C’est flâner sur la toile et immédiatement

Avaler, digérer, toutes ces platitudes.

Le e-média te ment !

 

Les guerres de par le monde, les affaires financières,

Le dessous du dessus et réciproquement,

Le texan de Bagdad et son gouvernement

Dont la médiocrité est sa seule conseillère,

Le e-média te ment !

 

Les promesses répétées de tous nos candidats,

Sans cesse remises en cause, faute aux tâtonnements,

D’incapables élus peu souvent éminents

Des bancs de l’Assemblée trop souvent flagada.

Le e-média te ment !

 

Dans les champs, dans les prés, dans nos belles campagnes

Ont épand des engrais pour cause d’engraissement

De l’herbe, des plantes, et quelques dominants

Faut bien nourrir ces gens, et leurs quelques compagnes.

Le e-média te ment !

 

De cette grippe aviaire il n’en est plus question.

On l’attend de pied ferme, semble-t-il pourtant.

Saurons-nous prévenir ce grand fléau à temps ?

Il faut pas affoler tout’ la population.

Le e-média te ment !

 

Je salue les Legrand, ces frères qui combattent

Pour que la dignité des hommes soit vraiment

Reconnue et rendue, après tant d’errements,

De tergiversations et de lois scélérates.

Le e-média te ment !

 

C’est dans l’aire du présent que la question se pose.

Certains pourtant échappent  au mauvais traitement,

Jusques au fond des choses, ils creusent éperdument,

Triturant la pensée afin qu’un nid éclose.

Le e-média te ment !

Mais pas immédiatement.

 

Jean-Charles Theillac

Peines de coeur

Ce début 2007 commence à point nommé,

Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’obligea

A rejeter la clope avec ses voluptés

Mon petit cœur hélas a subit des dégâts.

Histoire de ventricule, de valve et d’oreillette

Y’a des fuites partout et des fibrillations,

A gauche comme par hasard, côté des galipettes,

C’est la faute à Ségo et à ces élections.

Mon pauvre cœur tient bon, l’heure n’est pas venue

D’arrêter ton office, de battre et de combattre

A chaque heure de ma vie, je t’en prie, continu.

Laisse-moi regarder encore le grand théâtre,

Ses ombres, ses querelles, ses coups bas, ses beautés,

Pour apprécier la vie, oser la Liberté.

 

Jean-Charles Theillac
3 janvier 2007

Cessez le feu!

Les sentiments confus que mon cœur ne les flatte,

Sont des épines plantées dans le sein de mon âme.

Telles des banderilles affublées d’oriflammes

Blesseraient le taureau avant qu’il ne combatte.

Dans ses yeux, je ne vois de la mansuétude,

Pas l’ombre d’un regret, pas le moindre remord.

Ai-je donc tant failli qu’il me faille un effort,

A chaque instant de vie marquée par l’habitude.

Proie facile et docile dans sa ménagerie,

Portrait robot du noir de son imagerie,

De nos jours et nos nuits, tirons l’enseignement,

Qu’il est venu le temps de faire taire les armes.

Pour la paix désirée et l’arrêt des errements,

Retrouver de la vie la couleur et le charme.

 


Jean-Charles Thellac

L’affiche rouge

Emouvant, historique, déchirant…Le groupe Manoukian, le 21 février 1944, périt sous les balles allemandes, au Mont Valérien.

 

Interprétée par Léo Ferré

Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges. Elles font état de l'exécution au mont Valérien de 23 terroristes membres d'un groupe de FTP (francs-tireurs partisans).Par le biais de cette affiche, la propagande nazie daube sur l'origine étrangère de la plupart des malheureux (Arméniens et juifs d'Europe de l'Est pour la plupart).Il n'est pas sûr que cette argumentation ait eu l'effet attendu sur l'opinion française si l'on en croit le beau poème de Louis Aragon…


Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erevan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant  

La rose et le réséda

Louis Aragon dit son poème
– Ce poème, paru pendant l’Occupation dans le journal « le Mot d’ordre » a été inspiré par l’évolution des événements à partir de l’été 1941 : attentats contre l’occupant, exécutions sommaires…..
– Il fit l’objet, pendant la guerre de nombreuses réimpressions anonymes. Il doit sans doute son succès à la force des sentiments qu’il exprime et à sa forme de complainte populaire….
– Il se compose de 64 heptasyllabes

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l’un chancelle
L’autre tombe qui mourra

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l’autre gèle
Lequel préfère les rats

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Répétant le nom de celle
Qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

Il coule il coule il se mêle
À la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

L’un court et l’autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera

Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L’alouette et l’hirondelle
La rose et le réséda

Louis ARAGON

Sans domicile fixe

Sans domicile fixe, sans amicalité,

Seul, égaré dans la nuit glacée de l’oubli,

Il arpente le quai, son sac à dos sali,

Délavé, chahuté, usé d’avoir trainé.

 

Ce soir il fait très froid, un vieux bout de carton

Et une couverture serviront à passer

La nuit de tous les maux et de tous les dangers.

Un recoin à l’abri des regards et des gnons.

 

Un litron dans le sac sera son seul repas.

La Lune toute ronde éclaire cette nuit

Qui sera sa dernière. Sur le coup de minuit,

Le tocsin de la vie, en lui, retentira.

 

On le retrouvera comme il s’était couché.

Engourdi dans le froid et figé par la mort.

Il en avait fini. Il partit sans remords,

De cette pauvre vie qui l’avait bien lâchée.

 

Et l’on s’étonnera et l’on se posera

Des questions à la con, des remarqu’s imbéciles.

Et la nuit et le froid offriront leur sébile

Au prochain SDF, dans l’oubli du trépas.

 

N’avons-nous pas un toit pour tous ces pauvres gens ?

N’est-ce pas un devoir que de les abriter ?

Couchons sur parchemin cette banalité,

Tout citoyen a droit à un toit, un auvent.

 

Je vous l’avais bien dit, les questions à la con

Ne m’ont pas échappées. Cinquant’ quatr’, l’abbé Pierre

Avait tout deviné. Cinquante ans de prières

Et ils meurent à nos portes, nous dans notre cocon.

 

Je n’ai pas les moyens ni même la réponse,

Mais malgré tout je crie, je vocifère, je lance,

Indigné et meurtri, à la bonne conscience

De ceux qui peuvent agir, un grand coup de semonce.

 

 

Jean-Charles Theillac

Instants privilégiés

La chamade en mon âme

Bat et mon cœur s’enflamme.

Vous me faites rêver

À des instants prisés,

Car nul ne saura

Autant que votre aura

Réjouir tous mes sens

Jusqu’à la déchéance.

 

Vos sensualités

Sont ma réalité.

Mon souhait par lequel

J’atteindrai l’éternel

Instant de plénitude,

Fait de sollicitude,

D’agréables pensées,

Voluptés exhaussées.

 

Quand j’aurai parcouru

Le livre saugrenu

De ma vie de dentelle,

J’envierai l’hirondelle

Qui s’en va et revient

Dès le printemps prochain,

Gazouiller à l’oreille

Des amants, des merveilles.

 

Naïades de la toile,

Nymphes des jours heureux,

Vous êtes les étoiles

D’un ciel bien périlleux.

Vous atteindrai-je un jour ?

Inaccessibles et belles,

Pour faire d’un bonjour

Un beau soir irréel.

 

 

Jean-Charles Theillac

J’ai fait un rêve idiot

J’ai fait un rêve idiot, tous les chalands de France,
Ceux qui font le Marché, avaient fait une alliance.
Peu commune il est vrai, mais pour la première fois,
Ils voulaient maîtriser, les marchands et leur loi.

 

Le principe était simple. Arrêter d’engraisser
Les multinationales, au profit des petits
Producteurs de terroirs, aux maigres appétits
Et aux talents connus pour ne pas finasser.

 

Mais le grand intérêt de l’association
Serait l’aspect social, contrepoids essentiel
Contre l’hégémonie des chiffres indiciels,
Des diktats faisant fi, des hommes et des nations.

 

Les grands industriels ont tous besoin de nous.
Ils ferment une usine créant le désespoir,
Le chaos et la peine, le chômage, le foutoir,
Les trois mille de Villevoorde sont restés à genoux.

 

Devant l’énormité de cette décision,
Il est simple de dire, n’ach’tons plus de Renault,
Y’en a d’autres après tout. Si l’on prend en défaut
Un patron si voyou, proposons-lui l’option.

 

Pour cela il faut être nombreux et solidaires,
A l’échelon de l’Europe, tous unis  comme la main,
L’union sacrée en but, contre tous ces vilains,
Elevés au même pis, celui de l’arbitraire.

 

Consommateurs unis, syndiqués, travailleurs,
L’union faisant la force, organisons demain
Pour être reconnu en contrepoids humain.
Le marché c’est bien nous, les vrais consommateurs.

 

Je vous l’avais bien dit, mon rêve était idiot.
Mais laissez-moi penser et croire à l’utopie
D’un monde plus humain, un peu moins « accroupi »
Devant les grands seigneurs, ces impies salopiots.

Jean-Charles Theillac

 

 

Mon père Noël

C’est un après-midi d’automne, début décembre.

C’est le temps de l’ Avent qui précède Noël.

La nature clémente, a conservé ses ambres,

Les parterres de fleurs s’imaginent immortelles.

 

Pour les petits, ce temps est rempli de bonheur.

Les adultes ressentent les nostalgies d’antan.

On prépare cadeaux, présents avec ardeur,

Sapins enguirlandés, crèches pour les enfants.

 

Je pense et réfléchi aux familles « d’en bas »,

Pour qui le père Noël est un arrache-cœur.

Il faudra inventer et soigner le repas,

Se saigner pour offrir un moment de bonheur.

 

Des Marchés de Noël, de plus en plus nombreux,

Aux vitrines garnies des magasins offrant

A regarder, et puis à admirer ce que

L’on ne peut pas saisir, dans ses mains le présent.

 

C’est un peu « la grande bouffe », l’abondance étalée,

Aux yeux des tous petits, et de tous les enfants.

Ça frise l’obscénité et la duplicité

D’un corps social hautain, aveugle et méprisant.

 

Le bon vieux père Noël, a été sacrifié

Sur l’autel païen de la mondialisation.

Il reste des icônes, à jamais glorifiées

Que les marchands du templ’ ne chang’ront en millions.

 

Jean-Charles Theillac 

Réflexions

L’eau qui mousse n’est pas de la bière

L’habit hier était porté,

Par les manants de la mousmé.

Mais la mousse n’a pas d’os ?

Et l’eau, de la Cappadoce.

 

Bière qui coule, n’amasse pas mousse.

Enivrons-nous toujours

De vin  ou bière amère

Du matin jusqu’au jour

Du soir jusqu’à hier.

 

L’argent n’est pas l’horreur

J’ai des sous, j’ai  pas d’sous

En avoir c’est bien mieux

Liberté, bien précieux

Pénurie, on s’en fout.

 

Mal bien acquis, jamais ne profite

Je n’acquerrai jamais

Un bien venant d’encan,

Malheur de pauvres gens

J’aurai trop de regret.

 

Qui trop étreint, mal embrasse.  

Dans mes bras mon amour,

Façon tango, un peu java.

Mais pas de trop en cas…

Corps encore pour toujours.

 

Il faut battre son frère quand il a chaud

Caïn le savait bien

S’il a battu Abel.

Si tu prends la chandelle,

Méfies-toi de l’ancien.

 

Les bons amis… On peut compter les bons.

Compte d’ami c’est con.

Compter ses amis c’est,

Pour le moral, flatter,

Mais en tous cas fécond.

La vie

De l’aube au crépuscule, de l’aurore à la nuit,

Nous traversons la vie.  Nous nous enrichissons

L’esprit et la mémoire et nous nous nourrissons,

Et nous accomplissons nos tâches et puis… l’ennui.

 

Jour et nuit, nuit et jour, nos rêves les plus fous,

Nos désirs, nos souhaits, ne sont pas accomplis.

Nous les enfouissons, trahis, ensevelis

Dans la raison, l’oubli de l’éternité floue.

 

Au fil de l’eau s’en vont les souvenirs d’hier,

Ils n’ont pas retenu notre attention fragile.

De ce livre de vie, de ces pages futiles,

Il reste peu de choses dont on puisse être fier.

 

Quelques images fuient nos pensées éphémères.

Elles semblent dérisoires et font partie des rêves

Qui occupent nos nuits et nous hantent sans trêve.

Images aperçues, sensations douces-amères.

 

L’humanité survit du malheur des hommes.

Une vie crée la vie, c’est la pérennité

De soi-même et des siens, la folle activité

De la nature humaine dans le grand vélodrome.

 

Quand arrive le temps de sauter l’autre rive,

Le passage est à gué ou bien tumultueux.

Traverser le miroir et découvrir heureux,

La légèreté de l’âme que la Lumière avive.

 

Qu’y a t-il donc après ? C’est toute la question

De la vie, de la mort et du pourquoi des choses.

Tout à sa raison d’être, admettons-en la Cause,

Nous en sommes l’effet comme une réaction.

 

Jean-Charles Theillac

Pimpon…Pimpon

Pompier, sapeur ? De rien merci !

Sapeur pompier, bon pied, bon œil,

La peur pompée, mon pied voici.

Sa peur, son pied, voilà l’écueil.

Vigiles urbani, à l’époque

Libertini ensuite à Rome,

Subir les fumées qui suffoquent,

Sauveurs de la vie du forum.

Ils sont toujours Libertini
Très urbani, « ité » en plus.

Urbanité, c’est pas fini,

Humanité au dépourvu.

Courage à eux les courageux,

Péri certains, des gens sauvés.

Dévoués à tous malheureux,

Même aux heureux ils sont portés.

Pimpon, pimpon, bobo ici.

Allo 18, j’peux plus sortir.

Le feu au cul, ça marche aussi.

Pimpon, pimpon, faut réfléchir.

Pompin, pompin, la grande échelle

Est déployée, le froid et l’eau,

Le feu, la fumée, c’est mortel,

Tiens bon la rampe et sauve ta peau.

Sauver ou périr, c’est le pari,

Cruel dilemme, que ce constat.

Sauver, les corps endoloris.

L’enfer du feu en postulat.

 

Respect, Messieurs, soldats du feu.

Votre mission, avec bonheur.

C’est un métier, un devoir que

Vous remplissez, avec honneur.

Jean-Charles Theillac