Espérance

Les ans qui s’amoncellent au dessus de ma tête

Me rapprochent à grands pas du début de la fin.

Sera-ce un long début ou une longue fin,

Sera-t-elle un peu bête ou encore mieux, coquette ?

 

Là, est cette question entre être et non-être,

Qui nous taraude tous. Gardons en capital

Que la vie est innée, que la mort ne peut l’être.

Manquer de savoir-vivre, ça peut être fatal.

 

Ce qui nous intéresse, c’est la date, où et quand ?

Dans mon lit, le plus tard, peut être ma réponse.

Ou ici, maintenant, l’heur’ de lever le camp.

L’apéro est servi, faites publier l’annonce.

 

Même les condamnés ne savent pas le « quand ».

Ils sont un peu comm’ nous, constamment en appel

D’une juridiction composée de mortels

Qui ignorent qu’eux-mêmes, connaîtront cet instant.

 

La vie est pourtant belle et mérite la gloire

Du miracle de vie et de toute existence.

Les virus et microbes ne sont là que pour voir

Si le cerveau humain porte en lui la prudence.

 

C’est une vie aussi, celle de ces « bestioles »,

Qui nous bouffent la vie et nous coupent la parole.

Créations inutiles de je ne sais quel Dieu,

Vous nous privez, fossiles, du meilleur de nos vieux.

 

Espérance est donnée à tous ceux qui nous aiment.

La tumeur de l’espoir, le cancer de l’amour,

Ne risquent pas demain de porter l’anathème

Sur notre monde à nous, ceux qui s’aiment toujours.

 

Jean-Charles Theillac

Au hasard, à Bayonne

 

On y fait des rencontres. De souvenirs passés

Et à venir, on crée des mémoires de noms,

De prénoms pour après, des visages flashés,

Au gré des grises mines et des vrais histrions.

 

Certains se lèvent tôt, d’autres se couchent tôt,

Ces cinq jours d’août ont fatigué les cœurs

Et les corps allongés à l’abri des clameurs,

Loin du pont du Génie et du pont Marengo.

 

En lisant cette prose, elles se reconnaîtront.

Parisienne blonde, douloureuse et peinée

Qui ne méritait pas d’avoir été larguée,

Dans cette foule en fête, au milieu des flonflons.

 

À Christine et Mimi, deux vraies chtis d’origine,

Charmantes ambassadrices du pays des corons

Qui savent faire la fête et paraître lutines,

Dans cette chaude ambiance en face de l’Aviron.

 

Passantes nonchalantes, caressées d’un regard,

L’avez-vous remarqué, celui qui vous cherchait ?

Montrez-vous attentives, car on ne sait jamais :

Les rencontres fortuites sont-elles dues au hasard ?

 

2 août 2008

 

Ma Muse s’amuse et m’use

Muse qui muse m’use

Et m’amuse la belle,

Qui souvent me méduse

Mais me laisse rebelle.

 

Tu m’as laissé m’user

Dans de vains tourbillons

Des mots par toi tissés,

Pour me faire un bâillon.

 

En RTT t’étais,

Pauvre petite sotte.

En haut de ton Palais,

Ou avec tes griottes.

 

Bien que tu me muselles,

J’attendais le moment.

Après tout les muses, elles,

Ont quelques agréments.

 

Je t’avais pourtant dit

Que j’avais un nouveau

Lieu de vie, un lieu-dit,

Ouvert à tes assauts.

 

Mes mots n’avaient de queue,

Ni de tête bien sûr.

L’Idée ne venait que

Raviver mes blessures.

 

Muse de mes silences,

Te voilà revenue

Comme une providence.

Plus de doute vécu !

 

Mène-moi vers l’endroit

Des rivières éternelles

Où l’on ne craint du froid

Que le baiser charnel.

 

Ouvre-moi tes prairies,

Vertes et abondantes,

Pour colorer ma vie,

Et l’orner d’amarantes.

 

Offre-moi des baisers

De tes lèvres tremblantes.

J’irai pour toi puiser

Le divin qui me hante.

 

Tu vois bien quand tu veux !

Ton souffle dans l’oreille,

Muse de mes aïeux,

Me rappelle et m’éveille.

 

Muse qui muse m’use

Et m’amuse parfois.

Qui souvent me méduse

Et me laisse pantois.

 

Jean-Charles Theillac

<![endif]–> 

Aux Fêtes, à Bayonne

L’influence « Nougaresque » m’inspire beaucoup en ce moment. Mais d’où me vient cela? C’est la mélodie de « L’île de Ré » que j’ai pris pour modèle.


Dans ce pays basque

Les jours de bourrasque

On trinque du casque

Malin

Ardeur magnanime

Que la voix ranime

Et la pantomime

Soudain

Fêtes de Bayonne

Faîtes la braconne

D’humeur vagabonne

La nuit

Et l’arc-en-ciel

À l’aube s’éveille

Gouleyant de miel

Des trottoirs meurtris

 

Chassant le gugusse

D’un bel abribus

Passe l’autobus

Des Fêtes

S’arriment au bastaque

Les voiles qui claquent

C’est comme un ressac

De mer

Trompettes en bouche

D’un air plutôt louche

Et les mains la touche

Pépère

Un regard coquin

Un coup de rouquin

D’un geste taquin

La main sur ta bouche

 

L’éclat satirique

D’échotier typique

Donne la réplique

En vain

Brandit sa carafe

Comme un soûlographe

Qui n’aurait plus soif

De vin

Une fée gentille

D’un geste tortille

Sa belle mantille

De soie

Et l’abbé bébête

Depuis là-bas guette

Où il fait banquette

De billes de bois

 

Et la carambole

Des gouttes d’alcool

Et des farandoles

M’obsède

Pour quelques grincheux

C’est plutôt piteux

Les soirs douloureux

De coups

Le bon roi Léon

Seigneur des Vascons

Depuis son balcon

Nous guette

D’humeur anodine

Il joue en sourdine

Les airs « grenadine »

De nos villageois

 

Du Pont Saint-Esprit

Quelques clapotis

Mêlent chuchotis

Et puis

Epuisés d’ados

Pantalons crados

Foulards indigos

Collants

Voguant au grand foc

Des couples loufoques

Se font, se disloquent

Souvent

Aux Fêtes, à Bayonne

Lurons et luronnes

Partout se bidonnent

Comm’ c’est exaltant !

 

29 juillet 2008

 

Coup de gueule (re)

Pour illustrer mon texte,  je vous propose d’écouter Georges Brassens dans
« La ballade des gens qui sont nés quelque part « publiée en 1972.
C’est bien mieux dit que je ne pourrais le faire, alors pourquoi s’en priver.

J’en ai marre d’entendre les mêmes mots idiots
Je vous le dis tout net. Qualifier l’étranger
Qui depuis quarante ans traine le lourd chariot
D’adjectifs et de noms Ô combien dépassés.

Je n’accepterai plus qu’on m’imposât l’écoute,
D’insultes envers ceux qui n’ont pas mérité,
Quelle que soit l’origine et quelle que soit la route,
D’être à ce point l’objet d’une haine héritée.

Les bougnoules, les ratons, les nègres, les youpins,
Autant de noms charmants prononcés en riant,
Par de vrais ramollis et de pâles crétins,
Médiocres franchouillards, va-t-en guerre inconscients.

Les cons sont de tous ordres et de toutes origines(*)
De tout’s couleurs de peaux mais ce sont eux aussi,
Des êtres à part entière, qui bien sûr nous chagrinent,
Mais que serait le monde sans ces êtres ainsi.

Tolérer de son mieux l’intolérable idée
Sous prétexte de gloire à l’amer souvenir,
Que des hommes subissent la vindicte passée
D’autres hommes ignorant leur propre devenir.

Je suis intolérant face aux propos abjects
Prononcés ça et là, faute de tolérance,
D’agités du bas ventre en mal d’intelligence,
Des racornis du bulbe, des absents de l’affect.

Je n’ai aucune haine, ne vous méprenez pas,
Seulement un’ colère, voire un écœurement,
Face aux discours ambiants, je n’imaginais pas
Qu’on en soit encore là, avec ces errements.

Jean-Charles Theillac

(*)Voir mon texte : « Histoire à la con »

Chauny 62

« C’était bien chez Laurette, quand on faisait la fête,

C’était bien c’était chouette quand on était fauché »

Ma Laurette en ce temps s’appelait Marguerite.

Elle tenait un bistrot quelque peu insolite :

Le comptoir en vieux bois, le mobilier coquet,

Donnaient une belle âme à ce petit troquet.

 

L’ambiance ainsi créée était très appréciée

Des jeunes gens fougueux que nous étions alors.

La maîtresse des lieux, tel un bon tenancier

Maniait le « bâton » comme un sergent-major.

 

Avec tous ces jeunes, pas facile à gérer,

Elle excellait surtout, dans la diplomatie.

Les rencontres fortuites, qu’elle savait provoquer,

De son air ingénu à quelques facéties.

 

Avec sa Thunderbird, André-Marie le beau,

Et Francis en Alpha, à cette époque-là

La caisse, c’était la classe, moi j’avais un’ Simca

Ce point de rendez-vous c’était l’Eldorado.

 

Et puis y’avaient les filles, très important les filles.

Un juke-box de légende égrenait Adamo :

« Mais laisse mes mains sur tes hanches », c’était beau.

C’était chouette ce temps, celui de la gambille.

 

Mes Violaine, Lydie, Françoise et Anne-Marie

Étaient de vraies copines, des flirts à l’infini,

Ou de vraies amourettes que nous chantaient Leny

Les soirs de vague à l’âme et de mélancolie.

 

Madame Marguerite, elle aussi consolait

Nos cœurs tendres et gros, des rendez-vous manqués,

Des regards échappés vers d’autres freluquets,

De l’absence chagrine d’une belle manquée.

 

Au coin de cette rue, dans ce bistrot sans nom,

J’y ai des souvenirs merveilleux et cruels,

Mais j’en garde l’odeur et le goût de citron

D’un Martini glacé partagé avec elle.

 

28 juillet 2008

 

Jean-Charles Theillac

 

Les Fêtes de Bayonne


le chant original de Léon Roi de Bayonne

Les Fêtes de Bayonne vont habiller de blanc

Les petits personnages d’un peuple d’aoûtiens

Avide d’allégresse, de danses et de chants

Et d’agapes festives, que de bons citoyens.

 

De la Nive à l’Adour, ils arrivent en tous sens

Mêlant la bonne humeur des comptoirs alignés,

Passages obligés pour générer l’ambiance

De cette quinte d’août, tous soucis épargnés.

 

Foulards et ceintur’s rouges à ce blanc associés

Confèrent en quelque sorte une fois dans l’année

L’Egalité d’un peuple, d’Euskadi ou d’ailleurs,

Par le bon roi Léon, majestueux veilleur.

 

Habillées comme ceci, avez-vous remarqué

La beauté et la classe des femmes bayonnaises

Qu’avec des yeux discrets on ne peut taquiner

Partager pour un temps des sentiments de braise.

 

Les vaches et taureaux font partie de la fête

Bien que certains y laissent les oreilles et la queue,

Et la vie pour finir, en daube dans l’assiette

De convivial’s agapes confiées au maître queux.

 

Hommage soit rendu à tous ces musiciens

Arpentant sans relâche les artères de la ville

Les bandas des quartiers, eternels gardiens

Des airs séculaires que les txistus distillent.

 

Les Fêtes de Bayonne, c’est notre Carnaval

La fiesta, la parade, fandangos en vedette,

La « mascleta » des cœurs, bleus et blancs de l’ovale,

Des quatre coins de France, on y vient pour la fête.

 

Jean-Charles Theillac

Et la vie a gagné

Inspiré par la musique de « Une petite fille » de Claude Nougaro


Une femme s’en va loin de tout et des siens
Pour ne plus revenir
Elle a abandonné ce qui faisait le lien
Du passé à venir
Elle a rayé mon nom de sa liste de noms
Et de son téléphone
Elle ne me répond plus, c’est « je t’aime moi non plus »
Comme si y’avait personne.
Elle voudrait me faire croire, qu’elle ne me verra plus
Plus jamais, plus jamais,
Elle m’a mis au placard près des manches à balai
Et des chiffons poisseux
Recouvrant ma mémoire d’un voile pernicieux
De brouillard et de sang
Pour faire un souvenir de son corps délicieux
Elle s’habille en volcan

 

Je t’aime et t’aimerai tout le restant des jours
Et des nuits sans sommeil
Ne plus jamais souffrir, ne plus voir le soleil
Réchauffer notre amour.
En bouteille j’ai mis, mon amour à la mer
Et j’attends depuis lors,
La vague salutaire, portant l’écume amère,
D’un nouveau bouton d’or
Qui viendrait parfumer mes pensées, mes amours
Et le goût de ta peau
Reviens, reviens veux-tu, je t’attends chaque jour
Et demain sera beau
Celui que t’attendais, que t’as jamais revu
Et qui te veut hélas
A fait la connerie de jouer les « m’as-tu vu »
Avec son brelan d’as.

 

Mais je n’ai que mon cœur pour me battre avec toi
Et ta paire de piques
Derrière mes carreaux je t’abats mon tapis
Et je reste stoïque
Trois cartes et c’est trois piques et ta paire ça fait « flush »
Je l’ai bien dans l’baba
Je peux rentrer chez moi, j’ai encore l’air plus moche
Et t’attendre là-bas
Nous irons sous la pluie affronter l’élément
A deux, nous serons là
Attendre le soleil comme deux vieux amants
Et puis… te revoilà.
Mon cœur claque de joie, mes lèvres vont vers toi
Tu m’as beaucoup manqué
Je te veux, je te aime, qu’on est bien toi et moi
Et la vie a gagné.

 

Prends-moi dans tes bras et garde-moi longtemps.

 

Jean-Charles Theillac

Pour un monde meilleur

Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer.

La réponse à cela, est commune à chacun.

Tout le monde sait dire, oui ou non ou aucun,

Alors les religions peuvent argumenter.

 

En y regardant bien, c’est un peu la panique :

Ceux qui sont survenus et qui sont encor’ là,

Ceux qui doivent arriver un jour de l’au-delà,

Tous les Dieux de la Grèce et la Rome antique.

 

Pourquoi nous faire le « coup » d’une femm’ sainte et pure

Enfantant un messie ou un « chargé d’affaires »

Divines, il est vrai, multicarte solaire,

Pour sauver la planète de toutes salissures ?

 

Elle en aurait besoin pourtant, d’un nettoyage,

Cette terre souillée, par le sang et la gangue :

La misère et les larmes des hommes dans la cangue,

Et ses enfants mourants dans tous ces paysages.

 

Il y a bien un monde qui existe en l’éther,

Nous en sommes tous issus et nous y retournons.

Il est fait de Lumière, pas celle qui éclaire,

Source d’éternité, subtile vibration.

 

Nous n’en revenons pas, mais tous, nous en venons.

Notre âme et notre esprit sont la source de vie,

Sans laquelle il n’est rien dans notre condition.

Notre corps et notre âme sont un bien indivis.

 

Les sphères de ces cieux sont des « terres » fécondes

Qu’il nous faudra atteindre pour rejoindre le Haut.

Le temps et l’espace ne sont pas de ce monde,

Comment imaginer cet « havre » du très beau.

 


« Dieu a crée l’Homme, et ensuite pour le remercier, l’homme a crée Dieu » Philippe Geluck

Jean-Charles Theillac

Ainsi soit-elle

 La musique des mots me rentre dans les pores

Et titille les maux de mon cœur en souffrance.
Son ombre est belle et, pire : son âme est-elle encor’ ?
Elle se souviendra de mes bruyants silences.


J’ai du mal d’être moi et je n’ai plus le temps
,
D’atteindre son regard, un coup d’œil, un émoi,
Qui pourrait me surprendre et bien me laisser coi.
À moins qu’une caresse ne m’effleure en chantant.


Mystérieuse et belle, je la ressens vibrer,

Au rythme des bandas et des fandangos fous.
Toute habillée de blanc, elle danse la « Libre »
Les deux bras en arceaux et le buste andalou.


Je la regrette encore, je la hais, je la mords.  
Son goût de peau me met un peu d’eau à la bouche,

Juste de quoi me dire, me redire le remords
Qui tourmente ma vie de son regard  farouche.


L’image d’une porte entrebâillée. Je vois,

Je crois apercevoir l’ombre de sa vertu,
Le souffle de sa voix, en un plan, confondus.
Vision de sentiments d’amertume, déjà.


L’oiseau qui, sur sa branche, s’égosille en sifflant

Un chant mélodieux, désespéré souvent,
Ne montre pas ses larmes. Il les crie en chantant.
On ne saura jamais où l’amène le vent.

 

Jean-Charles Theillac

Un monde à moi

Je sais un monde à moi où la vie est ailleurs,

Cette vie qui m’émeut et chaque fois je pleure,

Viendras-tu partager ces larmes de malheur

Qui roulent sur mes joues, pour un peu de bonheur ?

 

Les songes de la nuit me parcourent le corps.

D’entre mes draps, mes nuits sont plus belles encore :

Chimères noctambules, Aphrodite et Chimène

Viennent me visiter pour me conter fredaines.

 

Vous m’avez fourvoyé dans vos douces contrées,

Où l’herbe est bien plus grasse que dans les plus beaux prés,

Où les mots que j’écris fleurissent aux milles feux

De l’enfer des vivants, à l’instar des dieux.

 

Quand je hurle ma peur, quand je crie mon émoi,

Qu’une petite flamme fasse éclater sa joie !

C’est mon cœur tout entier qui saigne et se répand

À l’intérieur de moi, sans un’ goutte de sang.

 

Je sais un monde à moi où la vie est ailleurs,

Où l’amitié, l’amour ouvrent grand le portail.

Pour ceux qui veulent encor’ boucler leurs accordailles,

Les cœurs sont béants de bonté et de fleurs.

 

 

jeancharles theillac

Ci-gît « bon sens »

À l’instar de Florence, il est mort le « bon sens ». 

Celui de notre enfance, des vieux qu’ont fait les guerres,

Qui respectaient les autres et qui se levaient tôt.

Son état de santé a rencontré l’errance

Et puis s’en est allé, au-delà des frontières,

Des sens et des raisons, des délires mentaux.

 

Il s’est bien accroché à quelques bons apôtres,

Mais « bon sens » a péri quand un instituteur

Qui en était porteur, a voulu corriger

Un potache excité qui s’en prenait aux autres,

D’une gifle appliquée, s’est retrouvé plaideur,

Et a dû abdiquer du « bon droit » érigé.

 

À force de non sens et de sens interdit,

Nul(le) doute qu’on en perde le bon sens commun.

Des sens dessus-dessous, des sens devant-derrière,

Comment s’y retrouver, dans cette comédie.

Se préserver d’autrui, défendre ce défunt,

Devient parfois suspect et souvent subsidiaire.

 

Tous les cons n’iront pas à son enterrement,

Mais les us et coutumes renaîtront pour de bon.

Les hommes ne sont pas des ennemis d’eux-mêmes.

Le bon sens évident gagnera calmement

Les âmes et les cœurs, les méchants et les cons,

Quand nous respirerons l’odeur des chrysanthèmes.

 

Jean-Charles Theillac

Le 8 juin 2008

Adorables salopes

Je voulais éviter l’allusion offensante,
De savoir si d’élevage il vaut mieux que sauvage.
Que ce soit l’une ou l’autre je les aime décentes,
Sauvages, apprivoisées et peu importe l’âge.

Ce peut être une injure pour celles que l’on méprise.
Tourné en dérision vers d’autres insoumises ;
C’est une provocation de les savoir éprises
D’un autre que soi-même. Tu r’pass’ras pour la bises.

De nos cœurs, de nos vies vous en avez les clefs.
Vous savez que pour vous tous les hommes galopent
Les jambes à leur cou, dans un élan peuplé
De fantasmes et de rêves, adorables salopes.

Une longueur d’avance, sur les hommes, avez.
Recevoir est aisé, donné est moins facile.
Avancer dans la nuit, à tâtons, dépravé,
Accepter d’accoupler son âme d’indocile.

Quant au hasard des vies, il arrive d’aimer
C’est souvent pour le pire et peu pour le meilleur,
De l’amour à la haine, la fusion consumée
De deux cœurs éperdus, au seuil du bonheur.

Que vos câlineries aillent tous azimuts,
Ou sélective alors, vous m’écartiez du lot,
Vous serez qualifiée dans un cas d’une pute
De salope dans l’autre, et moi d’un rigolo.

On a rien à gagner à vouloir tout gérer
Si les sentiments sont ce qu’ils veulent bien être
Généreuse nature que l’humanité gré
Nous offrir la vie et l’envie d’un peut-être.

Jean-Charles Theillac

Impromptu

Sa voix s’est posée nue sur mon âme en dentelle.

Une folle émotion a parcouru ma nuit.

De sa fenêtre, d’ailes, volait la tourterelle

Annonçant bien avant la chance qui me fuit.

 

Son destin m’est lié autant que la montagne

À gravir tous ces jours sous la pluie et la grêle,

Emportant avec elle mes illusions de bagne,

Et offrant à ma vue ses douces damoiselles.

 

Lilas de mon jardin portant de beaux pétales,

Lilas lilas ou blancs, pédoncules à mains,

Donnant quelques bonbons, au travers du dédale,

Des sots venus s’asseoir au gré des lendemains.

 

Renoncer à aimer et devenir fossile,

Danser un tango lent, alangui et charmant,

C’est la ronde impromptue des lueurs de la ville,

Des personnages blancs au relief innocent.

 

La vie, la mort, la nuit, que le jour les emporte.

Là-bas près des étoiles ou alors loin du cœur.

Pour ne plus en souffrir et rester lettre morte,

Près des cendres fumantes, des bruits et des odeurs.

 

Ivresse de l’amour, sobriété des mots,

Perfection du langage attelé à des signes,

Pensées épicuriennes, souvenance des maux,

La vie n’en a que faire, on n’en est pas moins digne.

 

La tendresse ici-bas, c’est un bulletin de paye.

Les retenues d’en haut et puis le sale air brut,

Les baisers sont en bas que les primes égayent,

Au gré du bon vouloir des armateurs en rut.

 

De l’amour, il ne reste que quelques fleurs fanées,

Des maux à l’estomac et des mots plein la tête,

Une gueule de bois pour des gueux mal famés,

Gueuserie de bonheur, inaccessible quête.

 

 

Jean-Charles Theillac

VIRY-NOUREUIL

Communion2.jpg

A Noëlle

« Nous étions quelque uns qui attendions la gloire »
A cet âge bien sûr il est permis d’y croire
Surtout qu’en 57, c’était les belles années
Vingt ans encore bientôt, elles seront terminées.

Gérald, Roger, Mireille, Bernard, Clotaire, Gaston,
Mes amis de jeunesse, mes amours à tâtons,
C’était derrière l’église que nous découvrions
Nos jeunes académies et les premiers frissons.

Gaston nous confessait et c’était reparti
Pour un tour de manège devant la sacristie.
A deux pas un bistrot où il faisait bon vivre
Roudoudou, carambar, et du beurre en d’mi-livre.

Un merlan nous taillait bien en brosse, les cheveux
Court devant, ras derrière, pour de jeunes morveux
C’était réglementaire et fallait pas broncher
Nos rêves « brandoesques », étaient presque un pêché.

Le rock était bien loin de ce petit village
Un coin de Picardie, un peu triste, un peu sage
Avec l’idiot Homère et le père fouettard.
Il s’appelait « Lecoq ». C’était un vieux lascar.

Il aimait les enfants, mais eux ne l’aimaient pas.
Au sortir de l’école, il emboîtait leurs pas
Pour, disait-il, « offrir » un peu de chocolat ;
Mais les gosses couraient, apeurés par ce gars.

Et lui courait derrière en criant « Attendez ! »
Sa pipe entre les dents, celles qui lui restaient.
Quand il n’était pas ivre, les mômes l’acceptaient,
Et notre « père Lecocq » de se rabibocher.

Et l’école. Ah ! L’école. C’était un monde « entier »
Où régnait un climat très « 3ème République ».
Il y’avait les tilleuls dans la cour de récré
Des maîtres et maîtresses issus de « la laïque ».

Tous en tabliers gris, et grâce à Mendès-France
Nous avons eu chacun, du lait chaud en pitance.
C’était la mère Mouillard qu’était la Madelon
Je la revoie encore nous tendant son cruchon.

Ah ! Ces belles années au rythme des saisons
Le long de cette Rive nous en faisions des bonds
Dans ce bel arbre creux, nous y prenions le quart,
Pour surveiller l’endroit d’où viendraient les barbares.

Et puis y’avait Coulette, ma compagne de vie,
Ma première émotion de tonton accompli.
Domino, la chanson, t’a-t-elle été écrite ?
Ce s’rait chouette de l’penser, mais j’hésite.

Sur le plan nostalgie, il me souvient Noëlle,
Alors là, c’est du dur ! Douceur, tendresse, beauté,
La grange à foin, piano et la complicité,
Tiens ! je te dédie ce poème antique, ma belle !!!

Jean-Charles Theillac

Le hasard est étroit (1)

L’un croyait en Jésus, l’autre n’y croyait pas.
Ils étaient tous les deux de parfaits petits gars.
Ni Allah, ni Bouddha, n’avaient droit de cité
Dans leurs conversations nourries par leurs pensées.

A « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?
Ils répondaient en chœur : -Je n’sais pas, et j’m’en fous !

 undefined

(Kittof)
Un soir, au détour du faubourg, ils buttèrent sur un sac.
Un homme était couché le long d’un mur en pierres.
-Faites attention, bordel !
  Eparpillée en vrac
La musette bâillait. Les gars étaient peu fiers.

Le pauvre homme allongé, ralait de faire tintin.
Bouteille et bout de pain, c’est tout son festin.

-Nom de Dieu, d’nom de Dieu !!!
Pouvez faire un peu gaffe ?
-Pardon mon brave, on va vous filer un coup d’mains.

L’homme se releva et debout, mima une taffe.
-Tenez, prenez un’ clope.
Ça vous fera du bien !
Comm’ pour se remonter, s’enfila un gorgeon.
Et d’un revers de main, s’essuya le menton.

Son regard un peu triste était pourtant brillant
Il attirait celui qui s’y intéressait
Au point que nos deux gars s’étonnaient en voyant
Leur interlocuteur serein et peu inquiet.

Sa condition pourtant avait de quoi surprendre.
Sans logis évident, il n’avait fait d’esclandres.
Victime sans aucun doute de cette putain de vie
Il n’était pas âgé et presque bien tenu.

Nos deux garçons s’assirent tout à côté de lui
Ils étaient envoûtés par cet être inconnu.
L’un eu envie de dire : -que faîtes-vous ainsi,

Etendu sur le sol et sans aucun abri ?

-J’attends les « Don Quichotte », ils ne vont plus tarder.
Une tente en effet lui était destinée
De la pluie et du vent, il sera protéger,
Pour le froid un duvet et un bon déjeuner.

Rassurés, nos compères étaient plutôt contents,
De savoir leur ami à l’abri quelques temps.

-Que faisiez-vous ainsi à glander dans la ville,

S’étonnait-il alors s’adressant aux compères ?

-Nous cherchions où aller à défaut d’être utile.
Le hasard, y paraît, qu’ c’est pas un fait-divers !
-Si t’avais pas laisser s’balader ta musette
On ne serait pas là à tchatcher tous les trois,

C’est donc bien le hasard qui nous vaut cette causette !
En réponse, il leur dit :-Le hasard est étroit.

Que pouvait signifier cette franche assertion !

Pour le coup, nos amis s’en devaient réflexion.

à suivre…

Jean-Charles Theillac

大字報, espoir

Les blogs sont des dazibaos*
Virtuels, dérisoires,
Des amours et des peines
Des colères souveraines
D’internautes notoires
Ne visant pas bien haut

De nos contemporains,
Ils évoquent les haines,
Sous sentiments subtils,
Décadents et fragiles
De sensations lointaines
D’obscurs secrets humains.

Le clinquant et l’éclat
Des artifi-ciels
Nourrissent les projets
Innocents, fous et laids
De nouveaux logi-ciels
Au goût de chocolat.

Les pensées digérées
Qui viennent de l’arrière
Sont des appâts troublant
En ces temps de tourments
Consistant à nous plaire
Comme à nous tourmenter.

Les esprits agités
En ce lieu se morfondent
D’attendre mais en vain
Le geste d’une main
Salvatrice et féconde
Qui viendrait les sauver.

Renaîtra-t-il l’espoir
D’un orient nouveau
Eclairant l’horizon
Des hommes de raison
Et de vrais idéaux
Pour un futur, un soir.

 Jean-Charles Theillac

*Le dazibao (chinois traditionnel 大字報, chinois simplifié 大字报, pinyin dàzìbào, littéralement « journal à grands caractères ») en Chine est une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d’un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.(Source Wikipédia)

D’années en damné

Pour habiter ces murs et me trouver chez moi.

J’ai un trou dans mon âme que rien ne peut combler,

Ces lieux sont froids et vides de nos anciens émois,

Pour permettre à nos sens d’y trouver leur « meublé ».

 

La pâleur de ces murs, leur uniformité,

Font l’effet d’un Palais de béton brut et froid,

Que même les fantômes ne peuvent habiter,

Bien encor’ moins mon âme, pour me sentir chez moi.

 

J’y vis pourtant, contraint et sans aucun allant.

Sans ressentir enfin, en y passant le seuil,

De pénétrer chez moi, et d’être dans l’élan

D’avoir un domicile, un nid, un port d’accueil.

 

Mon âme n’y est pas, ni une autre d’ailleurs

Je veux l’intimité d’un foyer chaleureux

Et non pas ce confort des nouveaux « orpailleurs »

Du Nasdaq et du Cac, un peu aventureux.

 

S’il devait y avoir une moralité

A sortir de cela, et servir de « visa » :

N’habitez pas un lieu qui n’y est pas déjà

Par des âmes bien nées, depuis nombre d’années.

 

Jean-Charles Theillac

Le Valentin perdu

C’est l’histoire d’un homme, qui se savait aimé,

Mais qui ne pouvait pas exprimer son amour.

Il avait toujours cru qu’il suffisait d’aimer,

En se disant tout bas, que c’était pour toujours.

 

Ses silencieux « je t’aime » n’avaient d’autre fortune

Que le cri étouffé d’une voix qui se meurt

Au fond d’une vallée, dans une nuit sans lune,

Et s’éteint doucement, sans aucune rancœur.

 

Ses intentions valaient les plus belles pensées.

Ses qualités d’amant étaient pourtant perçues

Du plus beau des effets par les femmes aimées.

Au moment des « je t’aime », elles étaient éperdues.

 

Amoureux de la vie, silencieux transi,

Il était malheureux de sa vie amoureuse

Normale en apparence. Il éprouvait l’ennui

De ne pouvoir jouir d’une existence heureuse.

 

Un sourire, une phrase, une petite attention,

Aurait pu déclencher un début d’expression.

Il s’en fallut de peu pour la Saint Valentin

Qu’il ne lâcha enfin ce complexe enfantin.

 

Mais l’habitude aidant, il se tut à nouveau

Silencieux et triste, il remit à demain

Les gestes et les mots qu’il tenait bien au chaud,

Au fond de sa pensée, à portée de la main.

 

Jean-Charles Theillac

Le Silence

Ecouter le silence. D’où lui vient ce murmure
Qui envahit le ciel pour battre la mesure
De notre âme ? De nos cœurs ? Et de tout notre corps,
Pour  saisir l’harmonie de la nature, l’accord.

 

Peut-il être parfait ? Est-il à l’unisson,
De l’Univers entier et de ses vibrations.
De celles dont nous parle quelquefois la science,
Que chacun d’entre nous appelle le silence.

 

Je voudrai écouter très loin dans l’univers
Le soupir des anges, égrenant leur rosaire
Assis sur un nuage, empanachés de lys
Attendant de goûter aux vertus des délices.

 

Le silence est vivant, il exprime l’esprit,
Il appartient aux hommes et peut être un grand cri
Pousser dans l’inconnu du vide sidéral
Par une âme en détresse en quête de morale.