Le fauteuil de velours bleu 2/5

Comment la connaissait-il ? L’avait-il déjà rencontrée ? Peut-être lui avait-elle parlé un jour ? Ou tout simplement, n’était-il qu’un de ses admirateurs du temps où elle chantait encore. Mais par quel moyen avait-il  obtenu son adresse ?

 
« J’entends ta voix dans tous les bruits du monde » avait-il écrit. Cela ressemblait au vers d’un poème. Elle chercha et découvrit que ces mots étaient de Paul Eluard. Elle s’interrogea aussi sur le sort réservé à ces mots s’ils avaient été reçus par une autre qu’elle-même. Pourquoi avait-elle conservé cette lettre ? Pourquoi attendait-t-elle tous les jours la suite à cette première phrase ?


Elle comprit après plusieurs lettres qu’il les expédiait à jour fixe, observa qu’il s’agissait du mardi. Et toujours cette même écriture longue et cassée, image des grands oiseaux au sol.

 

Elle remarqua qu’il ne parlait que d’un sujet à la fois. Il ne s’en écartait pas et disait bien peu de choses. Hésitait-il devant l’effort à fournir ? Peut-être manquait-il de l’énergie nécessaire pour tracer d’autres mots, d’autres phrases ?

 

Enfin, il put lui écrire plus longuement. Il lui parla du peu de nourriture qu’il absorbait et fit de brefs commentaires sur la composition des menus. Il essaya même d’être drôle. Une autre fois, il décrivit les barreaux aux fenêtres. Il lui exprimait sa méfiance, ses craintes, ne comprenait pas cet enfermement : il n’allait pas s’envoler !

 

Cette phrase fit écho en elle. Elle l’avait elle-même pensé, il y a bien longtemps, lors de son long séjour dans une clinique psychiatrique de la banlieue parisienne. Elle se souvenait si bien de l’effet des médicaments qui la faisaient glisser dans un grand trou noir, à la limite du conscient. Elle gardait comme une empreinte indélébile la mémoire de sa souffrance psychique, du sentiment l’abandon, de l’ennui, du désespoir. Ces remèdes censés être thérapeutiques étaient en réalités « apocalyptiques ».


Lui revint en mémoire qu’ils donnaient un mauvais goût permanent aux aliments et aussi la sensation que trois docteurs entraient en même temps dans sa chambre. Il lui fallait attendre que ses yeux accommodent pour que deux disparaissent et qu’elle puisse parler, à celui qui restait, de ses impressions sans attendre aucune réponse de sa part : il ne pouvait pas comprendre.

Elle en était tout de même sortie des potages sans goût, des « jus de chaussettes » ersatz de café, des toilettes assistées, des barreaux aux fenêtres…


Sans doute, je me fais mal comprendre
, écrivait-il. Grande au début, son écriture changea et devint presqu’illisible. Malgré les efforts touchants qu’il tentait pour écrire le nom des médicaments qu’il absorbait, elle ne parvenait pas toujours à déchiffrer.

 

Il fallait qu’il lui écrive régulièrement, même s’il ne pouvait expédier ses lettres tous les jours. Et c’était tant mieux, il avait si peur de l’ennuyer avec un courrier quotidien. Il s’ennuyait tant lui-même en sa propre compagnie. Il datait ses écrits. Quelquefois, il ajoutait l’heure. Il craignait de mélanger le jour et la nuit. Il notait scrupuleusement six heures ou dix-huit heures ou vingt-trois heures. Des mots… Des mots pour surnager. Il était autre chose que cette moitié d’homme que le personnel soignant infantilisait avec ces petites attentions : «Allezilfautboirelecaféquevouspouvezilnevousferapasdemal ».


Il ne supportait plus de se sentir amoindri dans leur regard mais ce qui lui importait, c’est qu’elle ne le voit pas, elle dont la lumière éclairait ses pénombres. Il devait lui dire ses pensées, sa misère, son mal-être, pour rester en vie et ne pas sombrer.


L’image du grand oiseau se modifia, devint celle d’une épave à la mer, ballotée d’un côté l’autre par les éléments. Elle lisait la souffrance endurée dans son écriture à présent ridiculement amenuisée, dans ses phrases tantôt laconiques, tantôt étirées jusqu’à la démesure, sans ponctuation, ce qui ajoutait à la difficile tâche de lecture.

Elle ne cessait de se questionner : pourquoi moi, pourquoi m’écrit-il, à moi ? Il lui demandait de garder ses messages, qu’il viendrait les chercher un jour. Il insistait pour qu’elle les décrypte. Il parlait de ses lettres et ne parlait jamais d’elle. Il lui avait assigné un rôle silencieux. Il disait que, sans cette possibilité de lui écrire, il ne survivrait pas à l’épreuve qu’il traversait. Si elle le lisait, si elle comprenait, alors il vivrait.  Devenue garante de son existence, de son équilibre, il lui prêtait des vertus magiques.


Mais comment pouvait-il être certain qu’elle recevait ses lettres et les lisait ?


…à suivre

Dominique Grassi
Jean-charles Theillac
sur une idée de Catherine Maisse

Le fauteuil de velours bleu 1/5

Un jour elle reçut, par la poste, une enveloppe à ses nom et adresse, qu’elle décacheta. Sur une page arrachée à un cahier d’écolier, une seule phrase était écrite : J’entends ta voix dans tous les bruits du monde.


Ces mots, comme posés à la hâte, tracés d’une longue écriture cassée, dégingandée, lui évoquèrent ces grands oiseaux surpris une patte levée et dont on attend, en vain, qu’ils la posent. Ils vivent de cette façon. Quand ils marchent, c’est avec lenteur. Ils semblent posséder l’éternité : en apparence rien de les préoccupe. De haute taille, précautionneux et malhabiles au sol, ils deviennent splendeur quand, dans un grand mouvement d’ensemble, ils s’élèvent, nuage rose, vers le ciel.

 

Il ressemblait à ce grand et bel oiseau. Il vivait seul à Paris, dans un modeste atelier de peintre, rue des Artistes, à deux pas de la rue de la Tombe Issoire et trimbalait souvent sa solitude, au hasard dans ce quartier. On aurait dit un personnage de la légende du fameux géant Issoire, détrousseur de bonnes gens au Moyen-âge, tué par Guillaume d’Orange. Il tellement était grand qu’on lui trancha la tête. Ses restes furent enterrés dans cette voie bien nommée, qui permettait, depuis Orléans, de rejoindre le centre de Paris.

Un après-midi d’été, alors qu’il déambulait sous les platanes de l’avenue du Président
René Coty, paradis des promeneurs de chiens du 14ème arrondissement, il tomba en arrêt devant une très belle femme. Blonde, de taille moyenne, elle était plongée dans la consultation d’un carnet dans lequel elle semblait ne pas trouver ce qu’elle cherchait : un nom, une adresse, un numéro de téléphone ?  Il sourit à l’idée qu’il aurait aimé que ce fut le sien. Alors, tranquillement, il s’assit sur un banc pour la contempler sans aucune retenue mais il n’osa pas lui adresser la parole.


Au bout de quelques courtes minutes, la femme s’éloigna après avoir rangé le carnet dans son sac. Alors que sa raison lui dictait de la rattraper, de lui parler, de lui demander l’heure, de faire n’importe quoi mais de ne pas la laisser partir ainsi, il resta immobile, longtemps, perdu dans ses pensées.


Comme d’habitude, il rentrerait chez lui, seul, retrouver ses chers fusains car il dessinait beaucoup plus qu’il ne peignait. Il avait tant d’émotions à exprimer !


Avant, il fit quelques courses au supermarché de la rue Dareau. Comme il arrivait à la caisse, son cœur se mit à battre plus fort. Elle était là, devant lui, avec son panier et lui se retrouvait comme un communiant devant l’autel.


La caissière dit à sa cliente : « Bonjour Madame G… ! Je vous ai entendue ce matin à la radio. Oh ! c’était une belle chanson ! La route…

– Bleue, répondit-elle en souriant ». Resplendissante et belle, elle échangeait des amabilités avec la caissière. Ainsi, elle était sûrement sa voisine.


Il en savait assez pour oser espérer. Mais pas assez encore pour en être, ne serait-ce qu’un peu, heureux.

…à suivre

 

Dominique Grassi
Jean-charles Theillac
sur une idée de Catherine Maisse

 

Questions pour sourire un peu

POURQUOI tu peux avoir une pizza à ta maison plus vite qu’une ambulance ?

POURQUOI il y a un stationnement pour handicapés en face des patinoires ?

POURQUOI les gens commandent un double cheeseburger, des grosses frites et un coca…light?

POURQUOI nous achetons  des saucisses à hot dog en paquet de 10 et des pains à hot dog en paquet de 8 ?
Par ailleurs, ne t’es-tu jamais demandé…

POURQUOI Les femmes ne peuvent pas se mettre du mascara la bouche fermée?

POURQUOI le mot « abréviation » est si  long ?

POURQUOI pour arrêter Windows on doit  cliquer sur Démarrer ?

POURQUOI le jus de  citron est fait de saveurs artificielles et le liquide vaisselle est fait de vrais citrons ?

POURQUOI il n’y a pas de nourriture pour chat à saveur de souris ?

POURQUOI ils stérilisent l’aiguille qui sert à l’euthanasie ?

Tu connais ces boîtes noires  indestructibles dans les avions…POURQUOI  est-ce qu’ils ne fabriquent pas l’avion au complet dans ce matériau ?

Si voler est si sécuritaire, POURQUOI  l’aéroport s’appelle le « terminal » ?

Et toujours…

POURQUOI est-ce  qu’on appuie plus fort sur les touches de la télécommande quand les piles sont presque à plat ?

POURQUOI est-ce qu’on lave  nos serviettes de bain ; est-ce qu’on n’est pas sensés être propres quand on  s’essuie avec ?

POURQUOI les pilotes  kamikazes portent-ils un casque?

Questions cruciales :

Quand on  étrangle un Schtroumpf, il devient de quelle couleur ?

Comment les panneaux « DÉFENSE DE MARCHER SUR LA PELOUSE »  arrivent-ils au milieu de celles-ci

Quand  l’homme a découvert que la vache donnait du lait, que cherchait-il exactement à faire à ce moment-là ?

Si un mot dans le  dictionnaire est mal écrit, comment s’en apercevra-t-on ?

POURQUOI ce couillon de Noé n’a-t-il pas  écrasé les deux moustiques ?

Est-ce que les  ouvriers de chez Lipton ont aussi une pause café ?

POURQUOI les moutons ne rétrécissent pas quand il pleut ?

POURQUOI « séparés » s’écrit-il en un mot,  alors que « tous ensemble » s’écrit en deux mots séparés  ?

Je veux acheter un boomerang neuf : comment puis-je me débarrasser de l’ancien ?
POURQUOI Les établissements ouverts 24 heures sur 24 ont-ils des  serrures et des verrous ?

Auteur anonyme

N’est-ce pas?

J-S Bach par M.Glen Gould


Exagérer n’est pas mentir.

Espérer n’est pas attendre.

Aimer n’est pas bénir.

Ecouter n’est pas entendre.

 

Des mots pour tous les maux et des croix pour après

Ou des croissants de lune pour sublimer nos nuits.

D’émeraude et d’émaux, cette boîte à secrets

Cachait comme il se doit, tous nos petits ennuis.

 

Regarder n’est pas voir

Jurer n’est pas tenir

Aimer n’est pas vouloir

Rendre n’est pas vomir.

 

Il y avait pourtant dans ce monde cruel

Quelques petits délires : de bas débats immondes

Et de très hautes tailles, pour les petits duels.

Infortune fidèle à l’aubaine du monde.

 

Détester n’est pas maudire

Circuler n’est pas mourir

Ressasser n’est pas citer

Appeler n’est pas chasser.

 

Une punaise rouge, quelques petits trombones,

Un élastique mou, un caillou en agate,

Côtoyaient un carnet de feuilles à colonnes

Et des notes en tous sens rédigées à la hâte.

 

Ecrire n’est pas dire

Jaser n’est pas parler

Blâmer n’est pas punir

Et ruer n’est pas nier.

 

Rebut de la mémoire des hommes et des pensées,
Cassette d’un trésor que le temps passé fige,

Petite boîte en bois qui recèle vertiges

Et peut être vestiges de lambeaux insensés.

 

Jean-Charles Theillac

7 mars 2009

…et tu nous reconnaîtras !

 

 

 

Ô toi ma bien-aimée, mère de mes enfants,

Que n’a-t-on labouré les friches de nos vies !

Que mon cœur en jachère apaise mon tourment

Pour qu’une fleur exhale ce brin de poésie.

 

Tu as tant repoussé mes élans, mes étreintes.

Sur ton corps étendu, j’ai tenté des caresses,

Maladroites, hésitantes. Elles se voulaient empreintes

De tendres attentions et de délicatesses.   

 

Je t’ai toujours donné mon amour en offrande.

J’espérais que ton corps se libère et s’expose

Pour en goûter le fruit, au doux parfum d’amande,

Cet intime de toi comme une fleur éclose.

 

Mais le temps a passé et mon attente est vaine.

Je ne l’ai pas cherchée, je ne voulais pas d’elle.

Elle a su me séduire, élégante et mondaine.

Malgré ma réticence, elle m’a pris sous son aile.

 

Cette femme allongée, dans ce lit, près de moi

Ne prendra pas ta place. Jamais elle ne sera

Ce que je veux pour nous, ce que je veux de toi.

Tu es celle dont je rêve, quand je suis dans ses bras.

 

Ecartelée, offerte, impudique maîtresse,

Je dors dedans son corps, elle s’abreuve du mien,

Puis ses mains me caressent avec tant de tendresse.

Moments délicieux où le temps n’est plus rien.

 

Je te voudrais heureuse, en ces instants, comme elle,

Suspendue dans le temps, l’espace, par le plaisir,

Assouvie et sereine. Mon audace est cruelle :

Ne la rejette pas. Sauras-tu l’accueillir ?

 

Je ne sais si tu veux et pourtant, il me semble

Qu’est venu le moment de songer à nous deux,

À ce que pourrait êtr' notre amour qui va l’amble,

Pour le régénérer dans un galop heureux.

 

S’il n’y avait amour, entre nous, mon amour,

Je n’aurais pas osé. C’est à toi, maintenant.

Je te laisse le temps. Je veux rester toujours

Séduisant, amoureux, ton éternel amant.

28 janvier 2009

 

 

 

 

Clope… un, clope… ans !

Fumer des cigarettes depuis belle lurette,
C’est banal. Et pourtant, arrêter de fumer
Devient un vrai combat, effroyable casse-tête,
Périlleux, délicat, sans victoire assurée.

La raison, le plaisir, le besoin, les effets

S’opposent dans ma tête, dans mon corps tout entier.

La lutte est inégale. À la première bouffée,

Je succombe à Nicot, à son herbe grillée.

 

Je ne me souviens pas m’avoir déjà vu sans

Ce petit bâtonnet, cette putain de clope !

J’ai fumé tout d’abord, pour faire comme les grands,

Jouer à éprouver ce plaisir interlope.

 

D’autres désirs ensuite ont traversé ma vie :

Des envies censurées, des désirs interdits.

Mais le monde fumait ; tous mes héros d’alors

Avaient l’air si heureux, si viril et si fort.

 

Pour comprendre l’enjeu des « faiseurs de cancer »,

Faut dire que ces salauds(*) ont adjoint sans vergogne

De multiples toxiques(**) aux effets délétères,

Lucratifs profits de leur basse besogne.

 

Faut dire aussi bien sûr que les vendeurs de rêves

Nous l’ont bien instillé, ce semblant de bonheur.

Faut dire enfin qu’en face, Esculape et son glaive

N’avaient pas les moyens d’offrir les mêmes leurres.

 

La pensée se délabre entre haine et passion,

Le plaisir et la crainte, le bien-être et la peur.

Sentiments dominants, faits de contradictions,

Deviennent obsédants et sombrent dans l’horreur.  

 

Et pendant ce temps-là, ma raison, mise au coin,

Regard’ s’épanouir mon plaisir malsain,

Car mon corps subira les atteintes fatales,

À moins que la sagesse ne domine le bal.

 

Confrontations stériles, manichéisme vain !

Le corps a ses besoins que la raison ignore.

Le plaisir a les siens que la raison déplore.

Déchiré, torturé… J’arrêterai demain !

 

25 janvier 2009

Jean-Charles Theillac

 

(*)L’Etat, en organisant la vente et en percevant les taxes, est complice.

(**)Voici un aperçu de ce qui est ajouté au tabac d’une cigarette : arsenic, ammoniac, cyanure, acétone, cadmium, formol, benzopyrène, glycol, sulfate d’ammonium, coumarine, eugénol qui est un « phénol », théobromine, glycyrrhizine, pyridine, … Mais aussi, du chocolat, sucre, miel, cacao, caramel, réglisse, etc, … Tantôt mutagènes, parfois cancérigènes, ces additifs sont devenus le dilemme d’une industrie : réduire la toxicité ou réduire les ventes ?

Les composants d’une cigarette

Et maintenant !…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les canons se sont tus. Les soldats se retirent.

Des décombres fumantes, apparaissent des mains.

C’est la désolation des lendemains sans gloire.

Les victimes innocentes de conflits dérisoires,

Sont la seule vérité de ce gâchis humain.

La honte, quand j’y songe n’a d’égale que mon ire.

 

Les canons se sont tus. Les soldats se retirent.

Quels idéaux animent ces guerriers de l’an neuf

Qui ne laissent percer, sous leur gilet pare-balles,

Qu’un cœur sous assistance d’une conscience pâle ?

De quel « bois » sont-ils faits ? Tragique coup de bluff !

A vaincre sans péril… le pire est à venir.

 

Les canons se sont tus. Les soldats se retirent

Et la terre évacue ses dernières fumées,

Laissant un goût amer aux gorges des vivants

Et des larmes d’opprobre sur les joues des enfants,

Orphelins ou blessés, souffrants du verbe « aimer ».

A triompher sans gloire… pouvons-nous leur traduire ?

 

Les canons se sont tus. Les soldats se retirent.

Les barbus malfaisants, bienveillants pour eux-mêmes

Ont-ils bien pesé la portée de leurs gestes ?

Combien de sang versé, d’imprécations célestes,

Suffiront à leurs vœux pour qu’ils disent : « Je t’aime ».

A défier le diable, ne croit pas qu’il expire !

 

Les canons se sont tus. Les soldats se retirent.

A propos de barbus, avez-vous remarqué

Qu’ils sont dans les deux camps et aussi peu commodes ?

Pilosité divine ou simple effet de mode ?

Qu’une Dalila vienne un jour à débarquer :

Elle coupera leurs poils pour ôter leurs délires.

19 janvier 2009
Jean-Charles Theillac  

L’hirondelle de Gaza

 

Ecouter l’hirondelle gazouiller à Gaza :
Est-ce un vœu utopique ou l’ultime arrogance
D’un vrai désir de Paix, de la faim d’un visa
Pour un monde meilleur à l’abri des violences ?

L’hirondelle à Gaza, hélas ! C'est peu probable.
À
moins que cet oiseau n’amène un brin de buis,
Pour nicher ses petits dans le coin d’une étable
Et apporter la joie aux enfants gazaouis.

Jamais jusqu’à ce jour, autant d’Hommes n’ont voulu
L’arrêt de cette guerre pour une « Paix des braves »,
D’hommes de volonté et d’esprit résolus
À apaiser les haines et ôter les entraves.

Lourd destin pour ces peuples d’Abraham héritiers !
L’un et l’autre ont voulu reconquérir leur terre
Dans le sang et les larmes, jusqu’à se sacrifier,
Pour un « ciel apaisé », paradisiaque enfer.

Le jour où tous ces hommes accepteront l’idée,
Qu’il n’est point suffisant de porter un keffieh
Ou une kippa juive, pour auto-justifier
Un’ légitimité à fourbir ses blindés,

Pourrons-nous exporter notre laïcité,
Une terre commune, à partager demain,
Chacun selon son culte, dans la sérénité
Des obstacles abattus, comme le mur de Berlin ?

Si des Hommes ont fait ça, ce doit être possible :
Palestine, Israël, dans la Paix retrouvée.
Shalom, Salem, priez ! Le Coran ou la Bible,
Pour une ère nouvelle et des enfants sauvés

Car ils en rêvent tous de respirer l’odeur
D’une atmosphère limpide de fraîcheur et de joie,
D’entendre une hirondelle gazouiller à Gaza
Et de voir les enfants cueillir de belles fleurs !

C’est une question de temps, une affaire de tempo !
Le monde a fait la preuve de sa maturité.
Pas partout, pas toujours, hélas ! Mais, à propos,
La Terre, ce bien commun, est-elle civilisée ?

Jean-Charles Theillac
15 janvier 2009

Pauvre de nous !




On va tous s’embrasser et puis se souhaiter

Le meilleur des bons vœux, de bonheur et santé,

Et puis s’en retourner, le cœur plein de tendresse

Vers d’autres horizons, de nouvelles promesses,

 

Comme pour se laver des « miasmes » du passé

Et se régénérer dans une ère nouvelle.

Cette année sera dure et nous fera payer

Les errements d’aucuns et de leur clientèle.

 

Où est passé le fric ? Il est passé par là…

Mais ne repass’ra pas, il a pris la sortie :

Les paradis fiscaux, les îles, les scélérats.

Petits…Petits…Petits… Revenez par ici !

 

On va bien saupoudrer quelques petits délices

Pour les plus démunis, les plus pauvres de nous.

C’est l’Histoire à présent qui trouvera le vice

Bien caché et bien tu, de ce tournoi de fous.

 

Qu’allons-nous découvrir sous cet amas « marron »,

Quand le raz-de-marée se sera retiré ?

Des visages marqués par les « coups de bâton »

D’une misère injuste trop souvent ignorée.

 

Les années de l’an neuf ont souvent présenté

Un changement brutal, une révolution.

C’est à nous d’explorer la possibilité

Que revive l’ardeur de ces belles passions.

 

On ne peut pas prédire ce que sera demain,

En tout état de cause, il faut attendre un peu

Et ne pas abdiquer, croire au génie humain.

C’est lui qui donnera la réponse à nos vœux.

 

27 décembre 2008

L’agonie d’un dieu

Le changement de siècle est en train d’apparaître

Entrainant dans le flux de ses eaux bondissantes,

Toutes idées reçues, toutes les raisons d’être,

Le temps de certitudes et les gloires finissantes.

 

Ce tsunami mental, cette hérésie funeste

Pourraient bien égaler, en malheurs et en peines,

Les grandes tragédies, les pandémies de peste,

Les profits et mépris et les ferments de haine.

 

Des mondes virtuels aux concepts fictifs,

Des écrans de fumée en guise de pare-feu,

On assiste incrédule, soucieux et attentif,

À la fin d’un empire, à l’agonie d’un dieu.

 

Avant que n’apparaissent les contours incertains

D’un siècle qui débute, soubresauts et chaos

Agiteront le monde de ceux qui n’ont plus rien,

Plus d’espoir, plus d’amour et la faim en écho.

 

Certains sont à compter leurs milliards perdus

Dans l’immense dédale de la « financerie ».    

On pourrait compatir si nous n’étions pendus

Déjà aux conséquences de cette escroquerie.

 

La tradition propose qu’en période de vœux

On présente les bons et surtout les meilleurs,

Pour conserver l’espoir, épargnons-nous l’aveu

Que nous ne somm’s pas dupes et que nous avons peur.

 

Jean-Charles Theillac

 

Coup de gueule


J’en ai marre d’entendre les mêmes mots idiots,
Je vous le dis tout net. Qualifier l’étranger
Qui, depuis quarante ans, traine son lourd fardeau,
D’adjectifs et de noms Ô combien périmés.


Je n’accepterai plus qu’on m’imposât l’écoute

D’insultes envers ceux qui n’ont pas mérité,
Quelle qu’en soit l’origine et quelle qu’en soit la route,
D’être, à ce point l’objet d’une haine héritée.


Les bougnoules, les ratons, les nègres, les youpins,

Autant de noms charmants prononcés en riant,
Par de vrais ramollis et de pâles crétins,
Médiocres franchouillards, va-t-en guerre navrants.


Les cons sont de tous poils et de toutes origines(*)

De tout’s couleurs de peaux mais ils sont, eux aussi,
Des êtres à part entière, qui bien sûr nous chagrinent,
Mais que serait le monde sans ces hommes ainsi.


Tolérer de son mieux l’intolérable idée,

Sous prétexte de gloire à l’amer souvenir,
Que des hommes subissent la vindicte passée
D’autres hommes ignorant leur propre devenir.


Je suis intolérant face aux propos abjects

Prononcés ça et là, faute de tolérance,
D’agités du bas-ventre en mal d’intelligence,
Des racornis du bulbe, des absents de l’affect.


Je n’ai aucune haine, ne vous méprenez pas,

Seul’ment de la colère, voire un écœurement,
Face aux discours ambiants. Je n’imaginais pas
Qu’on en soit encore là, dans tous ces errements.

 

Jean-Charles Theillac

 

 

(*)Voir mon texte : « Histoire à la con »

Ainsi soit faite!














En Inde, au bord du Gange, un homme paisible et bon,

À demi immergé dans le fleuve sacré,

Priait avec ferveur et grande dévotion,

Recherchant l’absolu dans les eaux agitées.

 

Une grosse araignée qui surnageait bien mal

Dans le flot des eaux vives était en grand danger.

Avec délicatesse, il saisit l’animal,

Le posa sur la terre afin de le sauver.

 

L’araignée venimeuse, qui était faite ainsi,

L’avait piqué au doigt. Le venin déposé

Dans cet être en prières, n’eut pas d’effet sur lui.

L’harmonie de son âme l’avait immunisé.

 

Le lendemain matin, notre indien était là…

Et l’araignée dans l’eau. Lui méditait toujours.

Sans plus d’hésitation, il la prit et d’un pas,

La posa sur la rive pour lui porter secours.

 

Ainsi faite, l’araignée repiqua le têtu,

Sans se préoccuper de l’humaine intention.

Elle finit par lui dire : « Mais pourquoi t’obstines-tu,

À vouloir me sauver avec abnégation ? » 

 

Notre homme était ainsi, bienveillant et conscient

De l’état de chacun et du pourquoi des choses :

Même si les autres piquent, il se devait brillant,

En tout lieu, en tout point et quelle qu’en soit la cause.

 

23 octobre 2008  

La Marseillaise

Notre hymne national sifflé au Stade de France lors de la rencontre amicale de football entre notre équipe nationale et celle de la Tusinie.

La déraison a atteint son but. On peut penser que les paroles n’ont plus beaucoup de sens aujourd’hui. En proposer d’autres? Peut-être. Pourquoi des paroles après tout, les Allemands ont un hymne national, que l’on peut qualifier de mélodie extraordinairement belle, le quatuor « l’empereur » de Haydn.
N’y a t-il pas, dans nos classiques français, une musique assez belle, pour remplacer notre hymne désuet et depuis si longtemps sifflé?

On peut aussi faire le constat, que ces sifflements émanent, en majorité, de supporters de football.
Supprimons donc les hymnes lors de ces matchs… amicaux!

















La Marseillaise sifflée mardi au Stade de France,

Montre le trou creusé dans les générations.

Les raisons invoquées n’ont pas de référence

A un raisonnement, à une explication.

 

Elles ont donc revêtu un habit d’irrespect.

La musique seule  posait moins de problèmes.

Les paroles entendues font perdre le respect

Que l’on doit à un hymne, allant jusqu’au blasphème.

 

C’est vrai que ses paroles ne sont pas actuelles.

Elles contiennent en elles, des ferments passionnels.

Il y a eu depuis la colonisation

Et ses guerres, ses passions et ses contradictions.

 

Les anciens émigrés l’ont chanté, honoré.

Les enfants des enfants ont omis le symbole,

Pour ne voir dans ces mots que le premier degré.

Ils ne partagent pas l’allégorique obole.

 

Peut-on leur en vouloir ? Doit-on s’en offusquer ?

La violence des mots, ne doit-elle pas choquer

Les consciences et les sens, des auditeurs muets ?

Des paroles nouvelles pour un text’ désuet(*).

 


« Alors les Français cesseront, de chanter ce refrain terrible »
(derniers vers de la fin du couplet des enfants)

 

Ainsi se termine le couplet des enfants.

Comment  « le sang impur » disparaît de ce chant

Et des sillons des champs, pour ne laisser couler

Que la sève des plants par le vent secoués.

 

Jean-Charles Theillac

 

(*) Jugez vous-même

REFRAIN
Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons !
Qu’un sang impur…
Abreuve nos sillons !

COUPLETS
I Allons ! Enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !  
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé ! (Bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes.
Aux armes, citoyens ! Etc.

II Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (Bis)
Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage !
Quels transports il doit exciter ;
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
Aux armes, citoyens ! Etc.

III Quoi ! Des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! Des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (Bis)
Dieu ! Nos mains seraient enchaînées !
Nos fronts sous le joug se ploieraient !
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !

Aux armes, citoyens ! Etc.

IV Tremblez, tyrans et vous, perfides,
L’opprobre de tous les partis !
Tremblez ! Vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix. (Bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêt à se battre.

Aux armes, citoyens ! Etc.

V Français, en guerriers magnanimes
Portons ou retenons nos coups !
Épargnons ces tristes victimes,
A regret, s’armant contre nous ! (Bis)
Mais ce despote sanguinaire !
Mais ces complices de Bouillé !
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !

Aux armes, citoyens ! Etc.

VI Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !

Aux armes, citoyens ! Etc.

VII Peuple français, connais ta gloire ;
Couronné par l’Égalité,
Quel triomphe, quelle victoire,
D’avoir conquis la Liberté ! (Bis)
Le Dieu qui lance le tonnerre
Et qui commande aux éléments,
Pour exterminer les tyrans,
Se sert de ton bras sur la terre.

Aux armes, citoyens ! Etc.

VIII Nous avons de la tyrannie
Repoussé les derniers efforts ;
De nos climats, elle est bannie ;
Chez les Français les rois sont morts. (Bis)
Vive à jamais la République !
Anathème à la royauté !
Que ce refrain, partout porté,
Brave des rois la politique.

Aux armes, citoyens ! Etc.

IX La France que l’Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l’Égalité ; (Bis)
Un jour son image chérie
S’étendra sur tout l’univers.
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une Patrie !

Aux armes, citoyens ! Etc.

X Foulant aux pieds les droits de l’Homme,
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations. (Bis)
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n’arme son bras
Que pour détruire l’esclavage.

Aux armes, citoyens ! Etc.

XI Oui ! Déjà d’insolents despotes
Et la bande des émigrés
Faisant la guerre aux Sans-Culottes
Par nos armes sont altérés ; (Bis)
Vainement leur espoir se fonde
Sur le fanatisme irrité,
Le signe de la Liberté
Fera bientôt le tour du monde.

Aux armes, citoyens ! Etc.

XII O vous ! Que la gloire environne,
Citoyens, illustres guerriers,
Craignez, dans les champs de Bellone,
Craignez de flétrir vos lauriers ! (Bis)
Aux noirs soupçons inaccessibles
Envers vos chefs, vos généraux,
Ne quittez jamais vos drapeaux,
Et vous resterez invincibles.

Aux armes, citoyens ! Etc.

COUPLET DES ENFANTS

Nous entrerons dans la carrière,
Quand nos aînés n’y seront plus ;
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus. (Bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.

Aux armes, citoyens ! Etc.

 Enfants, que l’Honneur, la Patrie
Fassent l’objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l’âme nourrie
Des feux qu’ils inspirent tous deux. (Bis)
Soyons unis ! Tout est possible ;
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible :

Aux armes, citoyens ! Etc.

J’ai le CAC qu’est en vrac

Sur la musique de:
« Je n’suis pas bien portant »
de Vincent Scotto et Gaston Ouvrard

 

En ces temps de folles actions,

Il est bon de planquer ses pions,

Aller à la pêche au pognon,

Pour garantir tous ces vieux cons.

Dans ce cas on n’hésite pas,

A faire appel à grand-papa.

 

J’ai le CAC qu’est patraque

Le Sarko pas très beau

Le Fillon un peu rond

La Bruni qu’est punie

Le Borloo qu’en fait trop

La Boutin dans l’bottin

Rachida qu’est baba

Le Darcos très précoce

Le Xavier chevillé

Le Bockel au bordel

Le Nanard qu’est peinard

Le Jego qu’est Dingo

L’Hortefeux qu’est hors-jeu

La Lagarde qu’est hagarde

Le Laporte qui la porte

Nathalie en folie

 

Ah ! Mon Dieu qu’c’est embêtant

D’avoir baissé le CAC

Ah ! Mon Dieu qu’c’est embêtant

D’être au Gouvernement.

 

Fadela dans l’quota

Le Chatel à Vittel

Novelli à Vichy

Et le CAC qu’est en vrac

Morano au bistrot

Le Morin dans le Train

Et Rama qu’est pas là

Santini qu’est au lit

Karoutchi qui fléchit

Eric Woerth qui nous heurte

Le Marleix en annexe

Et l’Idrac à la fac
Joyandet, tu connais ?

Et Jouyet qu’est raillé

Bussereau qu’est tout beau

Et Martin fait tintin.

J’ai l’Besson, dans l’cal’çon

J’ai l’Alliot dans la peau

Le Barnier tout entier

Et le Blanc sur l’écran.

Si j’en ai oublié

C’est un trou de mémoire

J’écrirai un couplet

Tant pis pour Sarkozy

 

Ah ! Mon Dieu qu’c’est embêtant

D’avoir baissé le CAC

Ah ! Mon Dieu qu’c’est embêtant

D’être au Gouvernement.

 

Jean-Charles Theillac

La souris, le poulet, la vache et le cochon.




Il était une fois, un’ petite souris

Qui vivait à la ferm’ parmi les animaux.

Un jour, elle aperçut, de son trou favori,

Le fermier déballer un paquet, sans un mot.

 

Il prit l’objet en mains : un attrape-souris,

Autant dire une bombe, une tapette à rats.

La souris affolée, inquiète et fort marrie,

Alla chercher secours auprès des fiers-à-bras.

 

Près du bel emplumé, le poulet de la ferme,

Elle demanda de l’aide. Que veux-tu que je fasse ?

Ce n’est pas mon problème. En ce qui me concerne,

Je ne peux que prier pour ce qui vous tracasse.  

 

Le cochon, quant à lui, l’envoya sur les roses :

Votre souci, ma chère, est affaire personnelle.

Je ne peux pas tout faire et c’est l’heure de ma pose.

Allez donc voir la gross’, c’est une amie fidèle.

 

Elle se rendit donc voir la vache qui paissait

Dans la grande prairie. Au secours ! Au secours !

Je suis très occupée à faire tout ce lait.

Je ne peux vous aider, cherchez aux alentours.

 

La souris courageuse décida d’affronter

Le péril, toute seule, avec grande prudence.

La nuit, on entendit, la trappe se refermer.

La femme du fermier, se leva en silence.

 

À tâtons, dans le noir, ell’ marcha sur la queue

D’une vipère piégée par l’attrape-souris

Qui mordit la fermière. Le reptile venimeux

Venait de provoquer, une triste série.

 

La fièvre monta, monta, si bien que la fermière

Eut besoin de bouillon. Son mari sacrifia

Notre ami le poulet qui finit en soupière.

Ses prières serviront ce fieffé galapiat.

 

Pour nourrir tout le monde venu à son chevet

La malade ordonna de tuer le cochon.

Mais le mal empira. Une semaine après,

La fermière mourut de l’action du poison.

 

Le fermier chagriné avec tant de convives,

Dut abattre la vache de la même manière.

Et l’on vit la souris du petit trou, active

A grignoter sereine, un morceau de gruyère. 

 

Les ennuis du voisin, sont aussi un peu nôtres.

Les ignorer n’est pas un acte bienveillant.

L’ignorance est le fruit dans lequel on se vautre,

Essayons maintenant d’en tirer fortifiant.

 

Jean-Charles Theillac

 

C’est un texte paru sur le site de mon amie Flo, qui m’a inspiré ce
divertissement poétique, Au bonheur des mots qui chantent
est un endroit où il fait bon aller et venir.

 

La crise… de Foi














Informé par la presse du décès d’un ami,

Je me rendis, peiné, à la cérémonie.

Je revis des amis, nombreux et recueillis.

Ils chuchotaient entre eux. Inquiet, je tendis l’ouïe.

 

Saluant la famille d’accolades fraternelles,

Je serrai quelques mains et pris l’air solennel.

« Mais de quoi est-il mort ? » demandai-je à voix basse.

À mon voisin de gauche qui semblait fort loquace.

 

« C’est la crise, me dit-il, il n’a pas supporté ».

Mais alors cette crise, elle n’a pas fait assez

De victimes comme ça, qu’elle s’abat encore

Sur des êtres fragiles, ruinés, jusqu’à la mort !

 

À mon voisin de droite, j’exprimai ma colère.

Il a donc tout perdu, pour perdre ses assises ?

« Mais il n’a rien perdu, il a fait une crise.

Une crise de Foi ». « Car malade, il était » ?

 

« Il est mort dans son lit et il était athée ».

Alors qu’il le veillait, son fils l’entendit dire :

« Je crois !, je croix !, je croix ! » Puis ce fut le soupir,

L’ultime, le dernier, le final, celui qui nous délivre

De tout et nous emporte, serein, vers l’autre rive.

 

Prenez garde à la Foi, si elle arrive tard.

Pensez-y bien avant le dernier avatar.

Jean-Charles Theillac

 

La grande hypocrisie




















Ils gouvernent le monde et on n’en parle pas.
L’argent, le sexe et pour beaucoup, la religion.
Que n’a-t-on pas commis, au nom de ces trois là !

Quell’ vaste hypocrisie, quelle honteuse affection.


Je mettrais volontiers à part, la religion,

Au nom de l’absolue liberté de conscience.
Mais les deux autres, au moins, méritent réflexion,
Il n’est pas vain pour eux de manquer de méfiance.


L’argent va à l’argent. Cela se vérifie

Ô combien, aujourd’hui, grâce à ces Harpagons
Qui sont bien engraissés, ne voulant faire fi
Des lingots amassés au nez des parangons.


Et l’Homme dans tout ça ? Il se bat, se débat,

N’en croyant pas ses yeux ainsi que ce qu’il oit.
Il faudra bien qu’il cesse, ce cruel branle-bas,
Sinon l’hiver prochain, il va faire trop froid.


Et le sexe dans tout ça ? Il dirige le monde.

Il confère aux affaires un alibi puissant,
Génère l’Humanité dans sa bulle féconde,
Pour mieux l’emprisonner en ce désir ardent.


Le sexe et le pognon ne sont qu’hypocrisie.

Les Hommes ont en commun, le même regard lubrique,
La même frénésie, la même fatrasie(*),
Pour un billet de cent que pour l’objet phallique.

Ainsi va notre monde et les hommes ainsi faits,
Qu’ils seraient des menteurs de nier l’évidence.
À quoi bon le cacher et en faire un secret :
L’argent, comme le sexe, sont pourris d’indécence ?

Jean-Charles Theillac

 

(*)Au Moyen Âge, pièce de vers satiriques caractérisée par l’incohérence de la pensée ou du langage.

 

La belle paire que voilà


On est sûr maintenant que l’ancien communisme,
Est très précisément, l’inverse ou le contraire,
Du très valorisant nouveau capitalisme.
N’en déplaise à certains, les deux font bien la paire.

Pendant soixante années, les plus grandes an’ ries
Nous ont été vendues pour de l’argent comptant,
Rostro, au pied du mur, comme une walkyrie,
A bouté les soviets au-delà des Balkans.

L’oncle Sam aujourd’hui, supporte l’anathème,
Et c’est plutôt funèbre, qu’est cette marche là.
« La mine triste, les yeux battus et les joues blêmes »,
Raisonne l’hallali, pour qui sonne le glas.

Une troisième voie est en-train d’enfanter.
Pourvu qu’elle ne soit pas une hydre éternelle,
Qui renaît chaque siècle d’un cerveau éventé,
Pour mieux nous couillonner de rapports paternels.

Le « nuage atomique » ne pass’ra pas chez nous.
Bien trop peur de Sarko, il se détournera
Vers d’autres pauvres gens, un peu « mous du genou »,
Qui n’ont pas élu eux, un ténor « d’Opéra ».

Comme disait Coluche, faut pas nous prendre, que,
Pour des cons. Car enfin, c’est pas bien de gagner
Trop d’argent virtuel et se cacher, quoique,

D’un tel état d’esprit, on peut s’en indigner.

Jean-Charles Theillac

 

Pénélope

Rencontres opportunes que le destin réserve,
Vous avez le parfum du bonheur assouvi,
Des instants rares et chers que ma mémoir’ conserve
Des replis de mon âme, vous en êtes la vie.

Un visage, un regard, un sourire, une larme,
Quelques mots échangés et puis c’est le désir,
Qui naît et s’amplifie tout à coup sous le charme,
L’espoir(e) d’un baiser échangé à venir.

De deux corps étendus, l’un à l’autre noués
Un frisson, une peau, un toucher esquissé,
C’est le bonheur douillet de deux êtres échoués
Dans un lit de coutil adroitement tissé.

Et le soir de ce jour où l’amour se ciselle,
Apparaîtra la lune dans son habit de fée,
Nous porter la lumière mystérieuse et belle,
De deux êtres étourdis, l’un de l’autre assoiffés.

Et puis viendra l’hiver, rigoureux et trop long
De moments suspendus, d’une longue syncope,
Attendant le printemps et ses premiers bourgeons

Pour retrouver, sereine, ma belle Pénélope.

Jean-Charles Theillac

Parti à prendre

La question politique est chose trop sérieuse
Pour être confiée à de quelconques hommes
Qui n’ont qu’un seul souci, celui de faire comme…
On verra bien après. Marianne est généreuse.

Parlons des intellos, à force de médire
Sur leur capacité, on nous vend, c’est peu dire,
Un « lait » pasteurisé, sans saveur ni odeur
Mais sain pour avaler, la potion du leader.

Renaissez Montesquieu, Jean Jaurès et Voltaire
Les esprits d’aujourd’hui ne sont pas légataires
De vos enseignements sous prétexte qu’avant,
C’est ringard, dépassé, désuet, malfaisant.

Vous nous avez appris, à penser, critiquer,
Comparer et voter. Dans ce monde étriqué
D’une « pseudo » pensée qui sert de repère
A des êtres paumés que la vie désespère.

Des partis politiques, devraient naître les guides
Des années de demain, des esprits bien lucides,
Capables d’exprimer, sobrement, sans ambage,
Leur projet, leur mission et leur fonction en gage.

Il faut bien s’occuper des affaires de la France,
Nul n’est besoin pourtant d’autant de déférence.
Nous, on veut seulement d’un peu de différence,
Pour cela il vous faut du talent, de l’aisance.

Au-dessus des clivages, il doit se situer.
Avoir de bons principes, être de loyauté,
Indépendant des uns, sans ignorer les autres.
Capable d’endosser l’habit de bon apôtre.

Un acronyme enfin, qui cache bien son jeu
Edwige n’est-il pas, un prénom délicieux ?
Jusqu’où oseront-ils aller dans l’entregent,

Pour satisfaire encore, des « clients » exigeants.

 

Jean-Charles Theillac