Dolores, Clown au chevet d’enfants malades ou handicapés

 

Dolorès Boucher de l’association « Planète sourires » s’est produite à la Maison pour tous d’Anglet (64) dans le cadre du spectacle poétique proposé par « Le Club de Poètes de l’Adour » en hommage à Pierre Espil, son fondateur. La mission de son association est de divertir des enfants en souffrance dans les hôpitaux et les centres qui les accueillent.

 

Rapsodie sidérale

Pour un tocard de père qui refusa l’obstacle
A la première haie et sortit de la salle,
Sa mère assuma seule le reste du spectacle.
C’était après la guerre, une histoire banale.


Un homme bienveillant, amoureux de sa mère
Adopta cette enfant et en fit donc sa fille.
Gratitude et bon gré, pour cet homme compère,
Père et beau-père en somme d’une belle famille.


Le rideau de la vie s’ouvrait alors tout grand.
Elle n’aurait pas pensé que de sa vie durant,
Elle ne connaîtrait plus que ces mêmes tocards,
Toques et casaques grises, bons à mettre au rancart.


M’est avis que les hommes furent pour elle un fardeau
Qu’il lui fallut porter comme ballots de paille.
Un tribut à la gent de celui qui plus tôt
Lui avait donné nom, suite à ses épousailles.


Poursuivit-elle alors, de façon naturelle,
L’étoile de sa mère qui connut l’abandon ?
La lâcheté d’un père aimant la bagatelle,
Porta vers elle les hommes, comm’ le vent le chardon ?


Il sema à tous vents, le tocard en question :
Une autre fille, ailleurs, d’identique prénom,
Dont le destin défait et le lot de ballots,
Jalonnèrent la vie de douloureux mélos.


Á quel originel manqu’ fur’nt-elles soumises,
Pour porter de si lourds et encombrants fardeaux ?
Pour subir à ce point l’ineffable mainmise
De tocards et toqués parés d’affûtiaux ?


La peur de l’abandon expliqu’ t-elle à elle seule
Ces vies de bouts d’chandelles, dont les flammes vacillent
Au gré des vents mauvais et des grands coups de gueules ?
Rapsodie sidérale pour des âmes en guenilles.

Jean-Charles Theillac
22 octobre 2009   

La dernière fois

Ce sera un jour, la dernière fois
Que je dormirai sans me réveiller.
Que je baiserai avec ou sans toi,
Que je pleurerai dans mon oreiller.
Que mon cœur battra la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Que je rimerai l’adjectif ultime
Ou l’alexandrin, maladroit parfois,
Mais toujours précis, sauvé par la rime.
Ou alors la nuit, la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Que j’apercevrai, ton regard d’amour
Caresser le mien puis de tes longs doigts
Tu me feras signe : adieu à toujours !
Emouvant fatras, la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Que je chanterai sans dessus dessous,
Brassens et Ferré, Jacqu’s Brel et Ferrat,
Que j’écouterai « la fille à cent sous »
« Et basta » la vie, la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Que je te dirai un dernier « je t’aime »
Pour de vrai bien sûr, tout comme autrefois
Au temps des moissons dans les matins blêmes.
L’extase finale, la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Que j’écouterai aller et venir
Les vagues éternelles dans le désarroi
De mon cœur perdu au dernier plaisir.
Murmures d’azur, la dernière fois.


Ce sera un jour, la dernière fois
Un dernier matin, une dernièr’ nuit.
Quand je rejoindrais le dernier convoi
Vers je ne sais quoi, vers je ne sais qui ?
La Paix pour toujours, la première fois !

13 octobre 2009

Jean-Charles Theillac

Boileau…et tais-toi!

« Ne repasse pas, fallait pas »

Traduction : je ne reviens pas te chercher, tu n’aurais pas dû me dire ça !

Ces propos sibyllins, incohérents, abscons,
Pour rompre une amitié : c’est un peu court, jeune homme.
Ce ‘’Texto’’ est ‘’idiot’’, pour ne pas dire ‘’con’’,
Le pronom est absent, l’idée est minimum.

Doit-on pour se parler, user de ce jargon
Ridicule, insensé, rédigé à la hâte
Par un avare des mots, un nouvel Harpagon
Dont le dessein intime est de se montrer fat ?

Dans ce cas, les mots sont des lames de couteaux
Qui pénètrent l’intime, les entrailles de l’âme,
Pour blesser et souiller et brûler dans les flammes
Ce qui reste de bon, de robuste et de beau.

« Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement
Et les mots pour le dire, arrivent aisément…
…Avant donc que d’écrire, apprenez à penser… »

Ah ! Mon pauvre Boileau… tu dois bien te gausser !

Aujourd’hui le langage, est jeté aux orties.
Les belles phrases sont étiolées, rabougries.
Et si quelques auteurs aiment à peindre les mots,
Ils sauvent la face mais… l’exemple vient d’en haut.

« Cass’-toi ! Pauv’ con »

Jean-Charles Theillac
Le 8 octobre 2009

Post-scriptum

 

Quand il apparaîtra, ce long tunnel sombre,
D’où jaillira, sublime, le halo lumineux,
Il faudra se hisser, se glisser comme une ombre,
Mue par la volonté d’un destin radieux.

Je quitterai mon corps, sans remords ni rancune
Et la vie matérielle, sur la terre d’Adam,
Vers un état lumière, une douce lagune
Où le temps et l’espace, ne sont pas signifiants.

Impalpable divin, conviction personnelle ?
Nous qui n’en savons rien, nous en avons l’instinct.
Après moi, le néant, plus rien n’a de réel ?
Le souvenir pour l’un, pour l’autre le trentain !

Le trouble et l’embarras, est de s’imaginer
Attaché à une âme depuis le premier jour,
Qu’ell’ soit notre conscience et notre destinée
À tout jamais ancrée aux pieux de l’Amour.

Certains esprits pourtant, viennent rompre la chaîne
Des évolutions lentes et des métamorphoses,
Pour nous faire douter ? Destinées incertaines
De la pensée des Hommes et du pourquoi des choses.

Ce Dieu de l’amour dans la sérénité
De l’univers divin, n’est pas semblable à l’Homme
Mais il en est l’essence de même affinité
Qui nous donne l’envie d’être son post-scriptum.

4 octobre 2009

Jean-Charles Theillac

Les vins naturels

C’est le goût des raisins
Et la nature des sols,

Que l’on met dans ces vins

Pour une farandole.

Stylés, câlins, gouteux,
Ils s’éclatent au palais

Pour y mettre le feu,

Enchanter le goulet.

Ni collé, ni filtré,
L’expression reste vierge

D’attentions accoutrées

Que des manants gambergent.

Lentement, patiemment,
Ils sont élaborés

Pour le printemps suivant

Par des gens timorés (*).

Des coteaux du Jura
Aux vins francs de la Loire,

Des cépages Syrah

Et des grenaches noirs.

Roussillon, Languedoc,
Vins du Rhône et de Saône

De Provence et Médoc,

Ils gagnent l’hexagone.

Fruités et naturels,
Ils diffusent les goûts,

Les odeurs immortelles,

Du raisin dans ses moûts.

Aux « sourires de Dante »
Apprécier l’harmonie

Des saveurs envoûtantes

Par des vins insoumis.

*) En vieux français : très scrupuleux

 

Le 27 septembre 2009
Jean-Charles Theillac

 

Une plage océane


Sur la plage, en été, s’étalent et se contemplent
Les corps à demi nus de nymphes et de grâces,
Dévotes impénitentes du dieu Râ, dans son temple,
Attendant, éperdues, fidèles à sa paroisse,

Qu’il veuille les brunir, sans trop les faire souffrir.
Exhibition de chair en offrande aux commères,
Nobles académies et grands éclats de rires,
Et des cris des enfants dans les rouleaux de mer.

Quand le dieu du jour sombre, vers l’horizon en feu,
C’est l’instant où l’ombre de son corps disparaît,
Où la crête des vagues entame un pas de deux,
Argenté dans les moires n’offrant que des regrets.

Ces mouettes obscènes, friandes d’immondices,
Tournent et volent repues et remontent le cours,
Avant de revenir se nicher sur la lice,
D’une plage encore chaud’, des souvenirs du jour.

Les ténèbres s’installent, pleines de leurs frissons.
Les mystères de la nuit, les plaisirs et les peurs,
Habillent les ennuis des couples polissons,
Aux confessions intimes, aux promesses de cœur.

Ces grands râteaux sassant le sable du matin,
Rendront à l’estivant un estran praticable,
Débarrassé, lavé des souillures d’instinct,
Qu’à nouveau cette plage, n’offre à lui, que du sable.

Jean-Charles Theillac

Rien, bien sûr. Mais…

Rien
Rien de rien
Je n’aime rien
Je ne vois plus rien
Je ne ressens plus rien
Tu ne me fais rien
Tu ne sais rien
Rien de rien
Rien ?

 

Bien
Rien de bien
Je t’aime bien
Bien peu pour mon bien
Les misères de tes biens
Suffisent à ton bien
Etre un peu bien
Mal ou bien
Bien ?

 

Sur
Je suis sûr
Rien de bien sûr
Ta douce morsure
Avant cette mort sûre

Fatale luxure

Tu me susurres
Es-tu sûr ?
Sûr.

Mais
Mois de mai

Emoi de mai

Que sait-on des mais

Et puis zut désormais

Je n’en peux plus mais

De ces mois de mai
Ferme ta maie
Non, ta maie
Mais !

Heur
Pour des heurts

Grand bonheur

D’un petit malheur
Aimé partout à l’heure
Ou la demi-heure

Pour un metteur

Visiteur
Peur ?

Femme
Rien d’infâme
Pour que mon âme
Se damne et s’enflamme
Pour cette belle dame
Qui hurle et se pâme
Et dans les drames
No déclame
Femme.

 

 

Jean-Charles Theillac

Le rap dérape


Orelsan : la controverse


Le rap dérape et les mots claquent

Comme un fouet, comme un ressac.
Il faut choquer, il faut croquer,
Dire sa haine et provoquer.
 

Des signifiants insignifiants
Pour des chanteurs déficients,
Deuxième degré un peu facile
À
disculper les imbéciles.

Des mots qui tuent comme des couteaux
Qui saignent et tuent les animaux.
Des promesses de maux et puis
Des baffes dans sa gueule, du bruit !

Bavardages d’espoirs déçus
Ou ratage de ‘’pied au cul’’
Rapetissant d’idées reçues
Le ‘’rap art’’ naît, c’est du vécu.

Rapeur sans peur et sans reproche,
Rapeux des rues dans tes galoches
Danse et chante ta vie qu’est moche,
Dignité et respect, Gavroche.

Tape et rap plutôt sur les cons
Ils ont la peau tannée, ces cons.
Les jeunes, les vieux et les caducs,
Qui, derrière ton dos, te reluquent.

Un jeun’ rapeur, ça leur fait peur,
Tant pis pour eux, sont pas à l’heure.
La Liberté n’est pas un l’heur

Et les censeurs, des débiteurs
(*).

Jamais contents, toujours rebelle,
Mets pas ton cœur et ta cervelle
À tes chimères souvent cruelles,
À tes instincts qui te harcèlent.

Chante l’amour et ses caresses,
La volupté et la tendresse.
Parle de formes et pas de fesses,
Pas de sale pute mais de drôlesses.

Je ne suis pas ton ennemi,
Ne gâche pas ton énergie
A insulter, même à demi,
La femme, les filles, leur effigie.

 

(*) La Liberté d’expression ne se découpe pas en rondelles

Jean-Charles Theillac

…toilettes!


Le revivrais-je encore ce baiser subreptice,
Que du bout de tes lèvres, tu me fis sans malice ?
Tes longs bras dévêtus m’enserraient contre toi,
Et mon âme enchantée a gravé cet émoi.

Je revois ton image, appliquée et sereine,
Ecrivant sur ce mur de ces lettres ‘’païennes’’
‘’
toilettes’’,  en déliés et pleins, comme naguère,
Enfants, nous tracions de bien beaux caractères.

Cette ‘’touche’’ artistique  se voulait ‘’l’ultima’’.
Y apporteras-tu quelques petits trémas ?
Cette variation de teintes et de tons,
Conçus par ton crayon et tes pinceaux fripons.

‘’Les sourires de Dante‘’ se nourrissent d’éclats
De ton rire amusé, de tes yeux ? Oh ! lala !
Ton aura marquera cet endroit délicieux
Qui n’atteindra jamais la beauté de tes yeux.

Et ces divins breuvages, à en devenir fou,
N’égaleront jamais, de tes lèvres, le goût
D’un baiser délicieux au parfum d’interdit,
Dérobé au détour d’un au-revoir béni.

Volatiles ambitions, éphémères passions,
Que me restera –t-il après tant d’émotions ?
Une photo jaunie à force de regards
Et une main tendue, vers ce curieux hasard.

Avant qu’elle ne retombe pour ne plus rien montrer,
Ni l’inconnu qui passe, ni la rosée des prés,
Regarde la pointer vers l’absolu divin
Essence de tout’ chose, muse des écrivains.

Jean-Charles Theillac

7 juillet 2009

Moi, Anna POLITKOVSKAÏA par Katy Grandi



Une comédienne bouleversante

 

Moi, Anna Politkovskaïa

Auteur : Jean-Jacques Greneau
Compagnie Le Minotaure – mise en scène Katy Grandi
Interprète Katy Grandi

Anna Politkovskaïa, grand reporter pour « Novaïa Gazetta », écrit,témoigne, dénonce un régime autoritaire qui ne tient compte d’aucune valeur démocratique. Elle n’a que son stylo pour percer le silence, pour dire à l’Europe, au reste du monde, ce qui perdure en Russie : le non-droit, la force brutale de l’armée, les privilèges d’une nomenklatura post-soviétique. Elle n’a aucune mission sacrée, elle ne fait pas de mendicité. Elle plaide pour les victimes, se fait éclaireur pour d’autres journalistes. Serviteur de la presse, elle tend un miroir aux hommes de ce temps, leur dit ce qu’ils font et non pas ce qu’ils devraient faire. Elle nous fait entendre le silence des opprimés et le mutisme des dirigeants. Elle a été assassinée en octobre 2006.

Que faire, sinon prolonger sa voix dans nos consciences et jusque dans nos théâtres, faire ce qu’elle a toujours osé dans sa vie, outrepasser son devoir. »

Katy GRANDI

 

Après Anna, c’est Natalia
Qui paie de sa vie là-bas
En Tchétchénie. Ce n’est pas  loin,
Ce p’tit pays dans le besoin,
Où l’on bâillonne les droits de l’Homme,
Et l’on zigouille et l’on assomme
Ceux qui dérangent et se questionnent
Sur les libertés et les personnes

  ..et puis Andreï 

JC theillac

 


Comité Tchétchénie, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris
www.comite-tchetchenie.org

 

Les Sourires de Dante


« Les Sourires de Dante » place Michel Audiard à Paris 14ème

 ‘’Les Sourires de Dante’’ c’est un petit bistrot

Place Michel Audiard,  dans le Petit-Montrouge.

On y sert des verres, des bouteilles et des pots

Des blancs tous naturels des rosés et des rouges

 

Breuvages de terroirs de France et d’Italie

Qui vous ravissent l’âme, le palais et les sens

Sans compter ses fromages et son café Illy.

C’est un lieu convivial où fleure bon l’excellence.

 

Le maître de ces lieux, c’est notre ami Francis.

Il y répand les goûts les saveurs et l’ambiance

Qui auraient plu à Dante et même à Béatrice,

Accueillante et discrète, dans ce quartier de France,

 

On vous sert L’Antidote ou le Fruit du Hasard

Ou le P’tit Scarabée, Le pot de L’Effrontée.

Tous ces vins de plaisir à l’épreuve des Arts

Et des Lettres intimes à des ceps ventés.

 

Naturels et fruités, ils n’ont connu que l’air

Et la terre rocailleuse de belles vigneronnes

Déterminées, têtues qui demain plus qu’hier

Vinifieront raisins et grappes sauvageonnes.

 

Jean-Charles Theillac
21 juin 2009

Un autant toc élu!

Zapping sur le bilan …et ALEVEQUE en prime

Putain, deux ans c’est long ! Encore trois pour le compte.
Ce n’est donc pas fini ? Pourtant il avait dit
Que ‘’c’était la victoire de la France, chers amis ‘’.
Pardon ‘’cher ami’’, je n’en suis pas, j’ai honte.

Bien sûr, y’a eu la crise. Il faut bien faire avec.
Cher Monsieur Président, pourquoi éprouvez-vous
Le besoin cardinal, comm' disait ALEVEQUE,
D’en  rajouter toujours, sans arrêt et partout ?

De vos prédécesseurs, vous êtes la synthèse.
Pas de celle qui vous placerait au milieu
Encore moins au-dessus, de la Nation française,
Mais le PPCD(*), ni illustre, ni glorieux.

Comment des gens brillants, enfin, …passant pour tel,
Peuv’nt-ils constituer une cour aussi ‘’toc’’
Et devenir ainsi, fourbes et superficiels,
S’exprimant en  play-back comme des ventriloques ?

Vous en êtes l’auteur, le Mickey, le loustic.
Vous leur dictez les mots, les idées, l’évidence,
Les clins d’œil anodins, les foucades et les tics,
Sans vous préoccuper de vos propres carences.

On vous doit le respect d’avoir été élu
Dans la pure tradition de notre République.
Mais au nom de cela, nous sommes résolus
À briguer pour la France un patron authentique.

Prenez de la hauteur : faites confiance aux hommes
Que vous avez nommés. Montrez-nous le chemin,
Indiquez-leur la voie. Laissez ce décorum
Et cessez vos promesses, habillez-vous d’humain !

Imaginez De Gaulle, Pompidou ou Tonton
Tapant sur les épaules de leurs concitoyens !
Vos moult privautés ne sont qu’agitations
Destinées à briller parmi les ‘’bons à rien’’.

De votre mise en scène, le ‘’vrai’’ peuple en a marre.
Du caïd de banlieue ‘’bling’balante’’ et hautaine.
A choisir il préfère, d’authentiques loubards,
Car avec eux au moins, il y’a la quarantaine.

Homme d’Etat, vous n’êtes pas. Des tas d’hommes le sont.
Mais ils se font discrets et n’ont pas le forum
Et la cour partisane à leur disposition.
Des richesses terrestres, ils ne sont pas les gnomes.

Vous êtes l’opportun de tout opportunisme.
Vous prenez les postures de vos chères impostures.
Vos interrogations et vos trop nombreux truismes
Ne trompent plus personne sur votre mandature.

Jean-Charles Theillac

 

(*) Plus petit commun dénominateur

Transmutation


L’auteur de cette oeuvre est
Jean-Claude PAULHIAC
Maître ferronnier d’art au Bleymard en Lozère.
Il est un véritable artiste créateur d’oeuvres sculptées sur marbre, pierres et métaux.

(Voir en bas de page)

Union du créé et du créateur

Rêve de matière

Intuition d’une création.

Comme si l’obscurité cherchait sans cesse la lumière.

Parcelle de vie de lumière, lovée au centre de la terre, Savais-tu qu’une main oserait un jour t’approcher?

Façonnerait ton corps de métal, d’eau, de sève, d’écorce de feu et d’air En fusion cellulaire, en totale incorporation.

 

Savais-tu que cette unicité originelle

Pouvait être déchirure dans le mouvement du temps?

Connaissais-tu l’inéluctable séparation de nos racines premières?

Puis la naissance de l’être

L’émerveillement de sa sublimation

Dans l’un, le Tout? Le Rêve réalisé, l’éveil,

 

Véritable révolution intérieure

Qui transcende la souffrance de la coupure initiale. La dépasse et nous dépose au seuil d’un amour intemporel.

Est-il de ce monde?

Et nous, pauvres humains, qu’en avons-nous faits ?

 

Si le meilleur nous est donné,

Qu’il traverse nos vies,

Dans l’obscurité

Qu’il nous bouleverse,

Juste pour un peu plus de clarté

Dans nos cœurs usés ou exaltés.

 

Dominique Paulhiac

L’imposture


Nos hommes politiques ont changé de nature.

Ils sont là par défaut, il faudra nous y faire !

Ils prononcent des mots de « petite facture »,

Les vrais mots des vrais gens, ce n’est pas leur affaire.  

 

À voir certains d’entre eux s’attarder, se farder,

Prendre la pose et s’imposer devant médias,

Caméras et micros, faisant mine fondée

À pouvoir expliquer le « mystère des Mayas ».

 

À prendre la posture, ils se caricaturent.

L’antienne quotidienne qu’ils assènent à l’envi

Evoque parfois une équivoque imposture :

D’avaler leur discours auquel ils nous convient.

 

T’as beau te répéter : « Imposture, imposture !

Est-c’ qu’il a une gueule d’imposture ? » A-t-on le droit

De qualifier tout net un élu d’imposture ?

Puisqu’il en est ainsi, je l’appelle  « impostat » !

 

Mais alors ! « Impostat » vaut mieux que deux postaux ?

J’en connais déjà un. Mais qui peut être l’autre ?

À ce petit jeulà, il me faudra bientôt

Présenter des excuses à tous ces bons apôtres.

 

La posture c’est le port, l’attitude du corps.

L’impostur’ c’est vouloir êtr’ ce que l’on n’est pas.

Mais quand on est petit comme un alligator,

Paraître un crocodile, c’est pas un peu fada ?

 

Vouloir être plus grand que ce que l’on paraît,

N’est-ce pas l’imposture érigée en Principe !

Autant dire du toc traité comme du vrai

Et les canards sauvages… pour Fanfan la Tulipe.


Jean-Charles Theillac

29 avril 2009

La Feuille


La feuille est un petit journal impertinent et insolent qui porte sur la vie de la cité un regard particulier depuis presque vingt ans. Aura-t-on le bonheur de vivre son anniversaire dans la sérénité ?

 

Doit-on laisser « La Feuille » se faner en avril ?
Ce n’est pas la saison : ce temps d’effloraison

Où la sève répand son essence fertile

A travers les nervures jusqu’à la fanaison.

 

Cette Feuille rebelle, satirique, moqueuse

Est un petit journal qui paraît chaque mois.

On y chante potins et pensées persifleuses,

La vie de la cité du côté de chez moi.

 

La crise aurait frappé ce végétal moqueur ?

Que nenni bonnes gens ! Peu à peu ses lecteurs

Désertent la chapelle pour marquer leur humeur

Et aller voir ailleurs si la « soupe » est meilleure.

 

       Toutes ses vieilles branches à son chevet, mandées,

Ont fait un grand fagot pour éviter l’écueil

D’avoir à se couper et à se saborder :

Il faut greffer des pousses et sauver cette Feuille !

 

De derrière ce fagot, je ne sais ce qu’il fût

Décidé :  de planter ou de tailler la haie ?

Pourvu que l’on n’ait pas préféré la laitue

Au glorieux chêne à glands de Monsieur Beaumarchais*.

 

* Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur. 

8 avril 2009

J’aurais tant à te dire…

Je voudrais tant te dire que du fond de la mer
Remonte des chimères à me faire frémir.
Je voudrais tant te dire que du fond de la terre
Est un puissant tonnerre témoin de mon désir.

Je voudrais tout te dire. Qu’en tes yeux, le soleil
Eclaire de vermeil les raisins du plaisir.
Je voudrais tout te dire. Qu’en tes bras, je m’éveille,
Je te vois, je te sens et mon être chavire.

Je voudrais ressentir l’instant d’éternité
Où j’ai pu te saisir,  où tu m’as embrassé.
Enlacé dans tes bras, je me suis étourdi
De plaisir et de joie tel un amant ravi.

Je voudrais ressentir cette félicité.
Tu as su te blottir et je t’ai embrassée
Près du petit sapin, tu as senti ma peine.
Je n’étais pas Rodrigue mais tu étais Chimène.

Le pardon t’appartient, je l’attends et l’espère.
Réel est son mystère et mon chagrin certain.
Je t’aime, ma chérie. Je reviens de l’enfer,
Le paradis sur terre près de toi n’est pas vain.

Ne ferme pas ta porte, à la vie, à l’amour,
À mon cœur qui n’attend qu’un signe pour toujours.
Nous parlerons ensemble et tu me comprendras,
Mon âme qui va l’amble a le désir de toi.

Jean-Charles Theillac

6 avril 2009

Le fauteuil de velours bleu 5/5

Sa dernière lettre expliquait.

 

La femme qui l’avait accueilli à son arrivée s’était montrée très aimable, habituée à faire le lien entre la vie réelle et ces hôpitaux où l’on entre la peur au ventre et l’esprit en vrac. Après quelques formalités administratives, elle l’avait conduit dans sa chambre.

Celle du deuxième étage qui donne sur le parc, juste à droite de l’escalier.

Là, elle lui avait montré les différents endroits où ranger ses affaires, la salle de bains, les toilettes, son lit, la télévision : « Le médecin passera en début de soirée. Ensuite, je viendrai vous apporter vos médicaments. Le repas sera servi à 19 heures. À tout à l’heure. »

Sa voix était calme, douce, apaisante, déjà infantilisante.  Il est important de rassurer les enfants quand on les éloigne de leur milieu naturel.

Il avait posé son bagage et l’avait ouvert pour ranger ses quelques vêtements mais s’était écroulé sur le lit, fatigué, perdu et inquiet du sort qui lui était réservé. Enfin, au prix d’un énorme effort, il s’était redressé et avait entrepris de vider sa valise. Il avait ouvert le placard : trois étagères et un coin penderie. Il lui avait semblé mettre beaucoup de temps et de soin à ranger ses habits, son nécessaire de toilette et ses affaires personnelles.


Quitte à rester si longtemps quelque part, elle se souvint comme il lui avait été important de marquer son territoire, de poser là sa crème de jour, là les boules pour la protéger contre le bruit, ici, le plus important, ses quelques livres, ses crayons noirs d’écolière, son cahier pour écrire, écrire, écrire…


Enfin, il avait posé sa montre sur la table de nuit et ouvert le tiroir pour y ranger son portefeuille. Un peu brusquement peut-être puisque celui-ci lui resta dans les mains pendant que tombait à terre un papier oublié par un occupant précédent. Il avait remis le tiroir à sa place et ramassé le papier. Il s’agissait d’une enveloppe vide adressée au nom de Mme G…Au dos, le nom de M. G… rue Dareau Paris 14ème.


Seul son mari lui écrivait, avec sa toute minuscule écriture, comme si des mouches avaient trempé leurs petites pattes dans de l’encre bleue.


Il avait tout de suite fait le lien avec cette jolie femme blonde rencontrée dans son quartier, qu’il n’avait jamais oubliée. Il se souvenait avoir demandé à la caissière des précisions sur la chanson qu’elle avait entendue à la radio.

« Elle s’appelle Mme G… mais elle a longtemps chanté sous un pseudonyme, lui avait-t-elle confié en lui donnant son nom d’artiste, vous pouvez trouver facilement ses disques. »

 

 

Elle était devenue maintenant une vieille dame qui soutenait que les lettres avaient bien été reçues dans cet ordre-là, en se souvenant de chaque phrase mais en refusant de les montrer.

– Non, précisait-elle, je n’en ai plus reçu d’autres… Non, je n’ai jamais su qui il était.

 

Assise, bien droite, dans son fauteuil de velours bleu au ton fané, les mains croisées posées devant elle, le regard tourné vers l’invisible – ce regard que nul ne pouvait accrocher – elle continuait à vivre, comme si tout lui était absolument indifférent.

 

Fin

 

Dominique Grassi
Jean-charles Theillac
sur une idée de Catherine Maisse

 

Le fauteuil de velours bleu 4/5

Les lettres qui suivirent lui firent penser à une enquête policière : il cherchait, s’interrogeait sans fin. Il ne voulait pas admettre ce qui lui arrivait, se sentait tiraillé entre culpabilité et innocence. Comment en était-il arrivé là ? Quand en avait-il trop dit ? A quel moment en avait-il trop fait ? Aurait-il réellement dû tout laisser là et fuir ? Il essayait de remonter le temps pour trouver, précisait-il, à quel moment il n’avait pas compris qu’il fallait prendre garde. A quoi ? A qui ?

 

Elle comprit que cette quête à laquelle il se livrait, l’épuisait. Toutes ces interrogations l’amenèrent à penser qu’elle correspondait, même à sens unique, avec un prisonnier, malade sûrement mais prisonnier, suite à elle ne savait quel méfait. D’ailleurs, il n’en disait rien, preuve qu’il avait honte et peur de son jugement s’il avouait.

Elle crut avoir démêlé cet étrange écheveau quand il lui parla, enfin, du décès de sa compagne tout en décrivant les énormes tracasseries de sa belle-famille – quel drôle de mot pour désigner une si laide engeance – qui ne lui avait laissé aucun répit puisqu’elle ne cessait d’insinuer sa responsabilité dans l’accident. La piste « pénale » se confirma dans son esprit… Jusqu’à ce qu’elle lut la dernière phrase : «Je n’étais pas dans la voiture » .

La semaine suivante, elle continua à l’apprendre, à le cerner, à en repérer plus exactement les contours. Ne le connaissait-elle pas depuis toujours ? Elle acquit le sentiment d’avoir déjà croisé ce drôle d’oiseau qui lui racontait sa vie. Sa vie à lui ou la sienne ? Comme lui, après la mort de l’autre, elle avait tenté à s’extraire de ce « bourbier ».  Il s’était jeté à corps perdu dans la peinture et le dessin. Elle, cela avait été l’écriture. Dans son atelier qui lui servait de logis, il avait cherché à retrouver un peu de sérénité. Et puis, il lui décrivait longuement ce quartier qu’il arpentait tout les jours et lui rappelait son enfance et ses grandes promenades au Parc Montsouris avec ses parents. Lui aussi, comme elle, il avait été attiré tout doucement au bord du « puits ».

 

Je me souviens si bien de ma lassitude. La vie était une sourde lutte d’où ne surgissaient que de pénibles conflits. Pourquoi toute cette agitation ? Quelle utilité à toutes ces démarches, quelle nécessité à toutes ces conversations, à tous ces repas, à tous ces voyages d’affaires ? Quand je le disais, je devenais suspect. Je dérangeais. Ces sorties obligées, ces interminables repas avec la sacro-sainte famille, ces réunions « amicales » ! J’aurais dû fuir, me soigner moi-même, mais c’était trop tard. J’aurais dû faire une pause, nager à contre-courant, j’en ai été incapable. Je n’avais plus personne à qui parler, dire mes sentiments, vider ma peine.

Quand elle reçut la lettre suivante, l’avant-dernière, elle commença à mélanger leurs vies à tous les deux, leur histoire, leur deuil, leur chute. Elle lisait ses mots à lui et retrouvait les siens, ceux qu’elle avait pensés si fort qu’il les écrivait à sa place : un matin, il se réveilla derrière ses paupières closes et ne trouva pas la force de les lever. Pas la force, pas l’énergie, ce n’était plus la peine. Il se découvrit à bout de souffle, comme sous une tente à oxygène et ce matin-là, quelqu’un marchait sur le tuyau. Il allait mourir et, pour que tout fût dit, pour que l’on ne lui demandât plus rien, il acceptait la mort.

…à suivre

 

Dominique Grassi
Jean-charles Theillac
sur une idée de Catherine Maisse

 

Le fauteuil de velours bleu 3/5

Toutes ces lettres, elle les recevait bien. Aucune ne se perdait en route. Elle les lisait très attentivement et même, depuis le début, elle les attendait impatiemment, comme si ce qui le sauvait la nourrissait, elle. Elle ne pouvait pas lui répondre et s’étonnait d’apprécier ce rapport ambigu avec un inconnu. Ils étaient donc liés par une relation épistolaire à sens unique ? Tous deux pouvaient d’un instant à l’autre se désengager sans que l’autre puisse intervenir. Il cesserait de lui écrire, elle déchirerait ses lettres : elle n’y pourrait rien, il ne le saurait jamais.


Comme toute relation forte, nouvelle, étonnante, elle avait besoin d’être partagée. Mais à qui en parler ? Cet homme lui faisait confiance. Elle en aurait bien parlé à son frère, Gérard, mais il ne s’embarrassait pas de psychologie inutile et lui aurait à coup sûr affirmé qu’il s’agissait d’un maniaque, un déséquilibré qui avait dû relever son nom et son adresse dans n’importe quel bottin: « La preuve, il te dit qu’il est enfermé derrière des barreaux. Il est sûrement en taule et pour se désennuyer, il s’amuse à t’ennuyer avec ses phrases-mystère. » Il aurait même ajouté avec bonhommie : « Le monde gagnerait en repos si tous les fêlés partaient aux champs. »
Elle avait souri la première fois qu’il lui avait sorti sa formule mais cette idée comportait tout de même un danger pour l’agriculture !

Non, ce n’était pas à lui qu’elle devait se confier.

 

Le hasard lui vint en aide.

Au cours d’une soirée où l’avait conviée une collègue de travail, elle fit la connaissance d’un couple remarquable par sa gaieté et sa joie de vivre. Elle était médecin généraliste et lui, cadre dans une entreprise de pièces détachées.


Une fois le repas terminé, ils passèrent dans une pièce de belle taille aux sièges confortables. Elle se trouva assise près de la femme médecin et commença à parler « métier » avec elle, puisque celle-ci assurait des vacations dans l’organisation mutualiste dans laquelle elle occupait une fonction d’accueil. Au bout de quelques minutes, elle osa évoquer le cas de son étrange « ami ». Comme elle connaissait par cœur certains passages de ses lettres, elle demanda : « Si quelqu’un venait consulter et vous parlait ainsi, quel serait votre diagnostic ?


– Je penserais que cette personne s’adresse à moi déjà bien tard et que son état nécessite qu’elle soit alitée. Il peut s’agir d’une profonde dépression ou encore d’une maladie grave qui se cache derrière cette grande fatigue mais, dans ce cas, votre ami vous décrirait des symptômes plus précis. Vous savez, ajouta-t-elle, il faudrait pratiquer plusieurs examens avant de pouvoir se prononcer, on ne peut rien dire comme cela, sans connaître d’autres détails ».


Craignant de l’avoir déjà trop accaparée – un médecin pourra-t-il jamais passer une soirée amicale sans être contraint de donner une consultation sauvage à tel ou tel autre convive ? – elle la remercia et parla d’autre chose. Ce qu’elle venait d’entendre corroborait ce qu’elle-même pensait. Cet homme était en grand danger physique ou moral. Elle aurait voulu le lui dire. Hélas !
À qui écrire et où ? De toute façon, il le savait et il n’était pas seul : enfermé, bien sûr mais apparemment, soigné. Et pourquoi craindre que les soins qui lui étaient prodigués ne fussent pas les bons. Elle-même, malgré ce qu’il lui en avait coûté de l’admettre, s’était bien sortie de ce marasme qu’il semblait vivre, grâce à des traitements en apparence inhumains, en apparence seulement.


Elle se renseigna cependant auprès de la Poste et obtint le numéro du bureau d’où étaient expédiées les lettres, mais cela ne donnait pas l’indication du lieu précis de leur dépôt. Il y avait tant de boîtes à lettres disséminées dans cette banlieue parisienne. De toute façon, il ne signait que de son prénom. Même si elle avait pu repérer le nom de plusieurs cliniques de repos, un prénom ne suffisait pas pour tenter de lui écrire – était-ce vraiment le bon ? Et puis, il pouvait aussi bien se trouver dans un hôpital, un centre de soins spécialisé ou… dans une prison.


Elle abandonna cette piste de recherche et décida d’attendre qu’il veuille bien se faire connaître. S’il le veut, un jour. Après tout, lui qui semblait surtout prisonnier de lui-même, enfermé, clos, c’était là sa dernière liberté : rester anonyme.


…à suivre


Dominique Grassi
Jean-charles Theillac
sur une idée de Catherine Maisse