Michel Serres sur France-Info le 12 janvier 2014
De la Guerre de Troie à la Croix de naguère
Il n’y eu de combat plus obscène et sanglant
Que celui pour lequel, il y aura cent ans,
Des deux côtés du Rhin, l’impitoyable guerre
Fit des millions de morts, des garçons innocents.
Ces cinquante deux mois sur les champs de batailles,
Des milliers de garçons périront chaque jour.
Sans connaître la vie, ni savoir de l’amour,
Dans la boue des tranchées, connurent la mitraille
Les obus et les gaz, vrais héros pour toujours.
J’apprenais chaque année, des vivants et des morts,
L’inventaire en mémoire, de ceux pour la Patrie.
Étendards, oriflammes, fanfare en batterie.
Allusion était faite, l’Indochine, les remords,
La peur enflait alors dans le cœur des conscrits.
Un siècle de haine et d’horreurs partagées,
N’auront calmés tyrans et patentés despotes.
Chair à canon d’antan devenue anecdote,
Destinés à survivre dans un monde en danger
Échappant à la faux des faucheurs de vote.
Pour rien, tout ça ? Doit-on abdiquer la raison ?
Doit-on douter du réveil des consciences,
De la démocratie, braver l’obsolescence ?
Si funèbre soit-elle, en dire l’oraison,
Elle viendra bien tôt, consacrer l’Alliance.
Ô philosophe aimé, ton propos me harcèle,
Il casse mes pensées jusqu’au fond de mon âme.
Indigné, agacé, révolté des infâmes
Qui sont devenus fous et méritent tutelle.
Unissons nos efforts et faisons-en réclame.
Jean-Charles Theillac
Remarques :
Les victimes de la nouvelle guerre économique ne figureront jamais aux frontons des Monuments aux Morts mais n’en seront pas moins morts, broyés par la nouvelle barbarie financière. En faire le constat, ne modifiera en rien, l’effet de la cupidité des hommes : des millions de victimes, encore !...