Un jour, le grand Prévert, devant un tribunal,
Est venu à la barre, apporter son soutien
À un pauvre quidam qui aimait bien son chien.
Et cette qualité valait vertu morale.
Ce quidam en question était là pour larcins
Et quelques algarades qu’il avait perpétrées
Envers des commerçants et la maréchaussée.
Faut dire qu’il les avait gâtés, les argousins.
À toutes les questions qui lui étaient posées,
Prévert avec malice et un brin tragédien :
« Monsieur le Président, cet homme aime son chien ! ».
Il ne pouvait donc être, ce vaurien supposé.
Il faut dire que la Cour, un brin interloquée,
Eut grand’ peine à admettre cette argumentation
Du poète populaire, témoin de compassion :
Puisqu’il aimait son chien, il faudrait l’acquitter.
L’histoire ne dit pas ce qu’il advint de l’homme.
Aimer les animaux est une qualité.
Pour Prévert en tout cas, elle est humanité :
Bonté pour les hommes et amour des bêtes, en somme.
Jean-Charles Theillac
12 octobre 2006