Partir, c’est mourir un peu
Postulat téméraire de celui qui est triste,
Et dont l’âme légère vient de quitter la piste.
Délaissant l’être aimé, il se sent arraché,
Coupé de ses racines et puis effiloché.
Dans ce cas l’être aimé a de quoi être triste.
L’autre est parti un peu et lui joue en soliste.
Les moments partagés, les instants délicieux,
Ne sont que souvenirs et regrets douloureux.
C’est l’histoire banale de deux cœurs déchirés.
La privation de l’autre est très mal supportée,
Cet amour morcelé prend l’allure d’un gâchis,
L’un et l’autre regrette d’avoir peu réfléchi.
On guette le moindre signe, le prochain coup de fil,
La petite attention, les mots d’amours subtils.
La quête si obsédante, le goût de l’autre, l’image,
Sa présence nous manque, les cœurs ont fait naufrage.
-Mais il ne viendra plus, ou peut être plus tard.
Enfin dans quelques jours…Où est-il ce soir ?
Pense t-il encore à moi, ou a-t-il rencontré
Quelque femme facile, de fausse mijaurée.
-J’aurais dû retenir cet ami, cet amant
Mais j’étais en colère, je lui en voulais tant
Je lui ai dit « Faut l’camp », penaud, il est parti,
Et je suis restée seule le cœur anéanti.
-Il n’a pas dit un mot, et sans se retourner
Il a pris sa voiture, et puis s’en est allé.
Déjà six jours, déjà six nuits, combien de jours
Encore devrais-je attendre, espérer son retour ?
-Les « toujours » les « jamais », les promesses d’amour,
Ont-elles été si vaines, et cela pour toujours ?
Je me suis emportée, j’ai eu tort je le crois.
Mais le téléphone sonne, émue, « -allo…c’est toi ? »
Jean-Charles Theillac
10 Octobre 2006