Informé par la presse du décès d’un ami,
Je me rendis, peiné, à la cérémonie.
Je revis des amis, nombreux et recueillis.
Ils chuchotaient entre eux. Inquiet, je tendis l’ouïe.
Saluant la famille d’accolades fraternelles,
Je serrai quelques mains et pris l’air solennel.
« Mais de quoi est-il mort ? » demandai-je à voix basse.
À mon voisin de gauche qui semblait fort loquace.
« C’est la crise, me dit-il, il n’a pas supporté ».
Mais alors cette crise, elle n’a pas fait assez
De victimes comme ça, qu’elle s’abat encore
Sur des êtres fragiles, ruinés, jusqu’à la mort !
À mon voisin de droite, j’exprimai ma colère.
Il a donc tout perdu, pour perdre ses assises ?
« Mais il n’a rien perdu, il a fait une crise.
Une crise de Foi ». « Car malade, il était » ?
« Il est mort dans son lit et il était athée ».
Alors qu’il le veillait, son fils l’entendit dire :
« Je crois !, je croix !, je croix ! » Puis ce fut le soupir,
L’ultime, le dernier, le final, celui qui nous délivre
De tout et nous emporte, serein, vers l’autre rive.
Prenez garde à la Foi, si elle arrive tard.
Pensez-y bien avant le dernier avatar.
Jean-Charles Theillac