C’était bien c’était chouette quand on était fauché »
Ma Laurette en ce temps s’appelait Marguerite.
Elle tenait un bistrot quelque peu insolite :
Le comptoir en vieux bois, le mobilier coquet,
Donnaient une belle âme à ce petit troquet.
L’ambiance ainsi créée était très appréciée
Des jeunes gens fougueux que nous étions alors.
La maîtresse des lieux, tel un bon tenancier
Maniait le « bâton » comme un sergent-major.
Avec tous ces jeunes, pas facile à gérer,
Elle excellait surtout, dans la diplomatie.
Les rencontres fortuites, qu’elle savait provoquer,
De son air ingénu à quelques facéties.
Avec sa Thunderbird, André-Marie le beau,
Et Francis en Alpha, à cette époque-là
La caisse, c’était la classe, moi j’avais un’ Simca
Ce point de rendez-vous c’était l’Eldorado.
Et puis y’avaient les filles, très important les filles.
Un juke-box de légende égrenait Adamo :
« Mais laisse mes mains sur tes hanches », c’était beau.
C’était chouette ce temps, celui de la gambille.
Mes Violaine, Lydie, Françoise et Anne-Marie
Étaient de vraies copines, des flirts à l’infini,
Ou de vraies amourettes que nous chantaient Leny
Les soirs de vague à l’âme et de mélancolie.
Madame Marguerite, elle aussi consolait
Nos cœurs tendres et gros, des rendez-vous manqués,
Des regards échappés vers d’autres freluquets,
De l’absence chagrine d’une belle manquée.
Au coin de cette rue, dans ce bistrot sans nom,
J’y ai des souvenirs merveilleux et cruels,
Mais j’en garde l’odeur et le goût de citron
D’un Martini glacé partagé avec elle.
28 juillet 2008
Jean-Charles Theillac