Sa voix s’est posée nue sur mon âme en dentelle.
Une folle émotion a parcouru ma nuit.
De sa fenêtre, d’ailes, volait la tourterelle
Annonçant bien avant la chance qui me fuit.
Son destin m’est lié autant que la montagne
À gravir tous ces jours sous la pluie et la grêle,
Emportant avec elle mes illusions de bagne,
Et offrant à ma vue ses douces damoiselles.
Lilas de mon jardin portant de beaux pétales,
Lilas lilas ou blancs, pédoncules à mains,
Donnant quelques bonbons, au travers du dédale,
Des sots venus s’asseoir au gré des lendemains.
Renoncer à aimer et devenir fossile,
Danser un tango lent, alangui et charmant,
C’est la ronde impromptue des lueurs de la ville,
Des personnages blancs au relief innocent.
La vie, la mort, la nuit, que le jour les emporte.
Là-bas près des étoiles ou alors loin du cœur.
Pour ne plus en souffrir et rester lettre morte,
Près des cendres fumantes, des bruits et des odeurs.
Ivresse de l’amour, sobriété des mots,
Perfection du langage attelé à des signes,
Pensées épicuriennes, souvenance des maux,
La vie n’en a que faire, on n’en est pas moins digne.
La tendresse ici-bas, c’est un bulletin de paye.
Les retenues d’en haut et puis le sale air brut,
Les baisers sont en bas que les primes égayent,
Au gré du bon vouloir des armateurs en rut.
De l’amour, il ne reste que quelques fleurs fanées,
Des maux à l’estomac et des mots plein la tête,
Une gueule de bois pour des gueux mal famés,
Gueuserie de bonheur, inaccessible quête.
Jean-Charles Theillac