C’est l’histoire d’un homme, qui se savait aimé,
Mais qui ne pouvait pas exprimer son amour.
Il avait toujours cru qu’il suffisait d’aimer,
En se disant tout bas, que c’était pour toujours.
Ses silencieux « je t’aime » n’avaient d’autre fortune
Que le cri étouffé d’une voix qui se meurt
Au fond d’une vallée, dans une nuit sans lune,
Et s’éteint doucement, sans aucune rancœur.
Ses intentions valaient les plus belles pensées.
Ses qualités d’amant étaient pourtant perçues
Du plus beau des effets par les femmes aimées.
Au moment des « je t’aime », elles étaient éperdues.
Amoureux de la vie, silencieux transi,
Il était malheureux de sa vie amoureuse
Normale en apparence. Il éprouvait l’ennui
De ne pouvoir jouir d’une existence heureuse.
Un sourire, une phrase, une petite attention,
Aurait pu déclencher un début d’expression.
Il s’en fallut de peu pour la Saint Valentin
Qu’il ne lâcha enfin ce complexe enfantin.
Mais l’habitude aidant, il se tut à nouveau
Silencieux et triste, il remit à demain
Les gestes et les mots qu’il tenait bien au chaud,
Au fond de sa pensée, à portée de la main.
Jean-Charles Theillac