C’était un p’tit chemin encaissé, cahoteux,
Bordé des deux côtés d’immenses peupliers.
On l’app’lait la cavée. Ses bas-côtés ronceux
Lui donnaient un aspect bien peu hospitalier.
Pour nous rendre à l’école, il fallait l’emprunter,
Pour joindre la grand rout’ qui menait au village.
C’était un cauchemar l’hiver de le monter.
Nous n’en menions pas large, dans ce maudit passage.
Des sortes de cavernes subsistaient de la guerre,
Nous les connaissions bien pour y jouer l’été,
On pouvait supposer qu’ell’s servaient de repaires
Aux voleuses d’enfants, à quelques égarés.
A cette évocation, l’enfant qui est en moi,
En frissonne encor’, mais avec nostalgie.
Car c’était ma jeunesse et c’était mon chez-moi,
Ma vie, mes jeux, mes peurs, mes joies et mes soucis.
Des joies, il y en eut. Des rendez-vous coquins.
On découvrait le monde, on découvrait la vie.
Nous nous autorisions des gestes un peu taquins
Sans oser trop en faire. Désirs inassouvis…
Nous fumions du sureau, pour imiter les grands,
Nos jeux étaient naïfs, mais nous étions heureux
D’être ensemble à l’abri des manants et passants,
Depuis notre cachette au bord du chemin creux.
Aujourd’hui ce chemin ressemble à tous les autres,
Les peupliers, les ronces, les sureaux et les trous,
Disparus. La cavée ne sera plus la nôtre,
On n’y trouvera plus trace du loup-garou.
Jean-Charles Theillac
merci pour se rappel de souvenir que nous avons partage ensemble c est domage que cela est disparu