Poème (ouvert) à Jacques SERVIER
Si je m’adresse à toi, c’est pour t’entretenir
De ma désespérance et de mon désarroi.
Il y a quelque temps je voyais l’avenir
Serein et en famille, à présent il me broie.
En trois ans, tu as pu, grâce à ton enfumage,
Étouffer la colère des victimes en sursis.
Sur le collège d’experts, tel un aréopage,
Ta morgue a influé jusqu’à l’anesthésie.
Leur zèle à ne pas voir, à ne pas juger bon
De déclarer malades, avérés et tangibles
Ceux que tu as leurrés et laissés moribonds,
Balbutiant leur vie, incertaine et pénible.
« Tu m’as empoisonné » : c’est ainsi qu’on assène
Ton acte, ta volonté, ta façon de tromper.
Maintenant il te faut de ta vile fontaine
Puiser les eaux impures et les purifier.
Servier, à quoi sers-tu ? S’il te reste quelqu’ onction
Ose être des victimes, l’allié, le mécène,
En signant volontiers ces indemnisations
Pour apaiser leurs affr’s, l’embarras et la peine.
Tu en as ras-le-bol de ces vicelardises.
Ta santé s’étiole et les jours qui s’égrènent
De l’horloge du diable, habile en couardise,
Enveniment nos vies, les parfument de haine.
La Justice ordinaire, à la fin jugera.
Fulgurante et sereine, elle t’infligera
Ainsi qu’à ton engeance, un immense fracas.
Serons-nous encore là ? Victimes et scélérats.
Jean-Charles Theillac